Oran a vu ses premiers «McDo», il y a une dizaine d'années. Les premiers fast-foods à l'Américaine traduisent bien l'attente des amateurs de hamburger. Le modèle américain de la restauration rapide s'est donc bel et bien installé dans nos villes. De plus en plus, on voit des jeunes déambuler dans la rue, armés de leur gobelet de soda et de leurs cornets de frites maxi. A la rue Khemisti, les grandes enseignes de fast-foods ne désemplissent pas. Les habitués y viennent et reviennent. De plus en plus de jeunes sont adeptes de la restauration rapide. Et il y a des habitudes tenaces. Karim, 22 ans, accompagné de sa copine, entre dans une pizzeria. Le couple s'installe autour d'une petite table ronde. «Les pizzerias, j'y emmène ma copine pour discuter. Ça n'est pas pour la nourriture et, 400 dinars à chaque fois, c'est trop cher, mais je n'y vais que parce que nous n'avons pas d'autres espaces. Une fois par semaine, on y vient pour manger des hamburgers et des frites et boire du soda.» A l'arrivée des beaux jours, les Oranais pressés craquent pour les formules à emporter. Pour régaler leur appétit, les jeunes trouvent refuge dans ces coins. «C'est une petite révolution.» Au centre-ville, des boulangeries ont, récemment, dégagé un coin pour la restauration rapide turque. Le patron de l'une d'elle, un Syrien qui s'est installé à la rue Khemisti, tenait lui-même un kebab ouvert depuis un an. «Quand j'ai ouvert, on était trois ici. Maintenant, voyez, ça pullule !…» Devant cette invasion du fast-food, le terroir, lui, semble bien en pâtir», fait remarquer une sociologue. Manger sur le pouce signifie souvent sandwich, hamburger ou kebab turc. Depuis quelques années, ce type de restaurants attire de plus en plus une clientèle avide de moments où «gastronomie semble rimer avec intimité.» Alors, un aliment ordinaire, le hamburger ? «Il possède une densité symbolique d'un sentiment d'appartenir à une modernité suscitée par l'image à la télévision», explique notre sociologue pour qui «cette irruption dans la culture de l'autre semble ainsi bien véhiculée via le tube cathodique.» Et un médecin nutritionniste de le paraphraser : «Le calcul est simple ; avec, à midi, un menu «Big Mac» avec plein de frites, il reste 600 calories à répartir entre le dîner et le petit-déjeuner. Lequel devrait constituer, à en croire un autre mythe créé de toutes pièces et sans aucun fondement scientifique, au moins un quart de la ration calorique quotidienne (soit pas loin des 600 calories restantes).