La campagne officielle pour l'élection présidentielle du 9 avril prochain ne débutera que le 19 mars. Cependant, comme en 2004, le président candidat entame sa promotion avant l'heure. Après sa visite dans la wilaya de Blida, une sortie qui a bénéficié, comme d'habitude, d'une large couverture médiatique, notamment la télévision, le chef de l'Etat sera aujourd'hui à Oran pour une journée. Après Oran, c'est au tour de la wilaya de Biskra d'accueillir Abdelaziz Bouteflika. En temps normal, l'activité présidentielle en ce moment précis aurait été perçue comme une entorse à la loi. D'abord, parce que bien qu'il soit toujours en poste, il est candidat au même titre que les autres candidats, ensuite, parce que commencer la campagne avant son lancement officiel, en faisant usage des moyens de l'Etat et en mobilisant toute la machine administrative à son profit, est déloyal. Mais au point où on en est, la question ne se pose pas en ces termes. Le débat n'est pas, en effet, dans l'organisation d'une compétition loyale, tant les autres candidats eux-mêmes, sachant le rôle auquel ils sont destinés, à savoir servir de garniture à une élection jouée d'avance, ne trouvent pas à redire. Même Bouteflika ne devrait pas s'encombrer de ce genre de soucis puisque ses « compétiteurs » ont déjà admis le fait qu'ils ne font que l'accompagner dans sa réélection à la Présidence. A partir de là, tout semble toléré et permis. Contrairement à 2004, cette fois-ci la bataille, donc les sorties du président candidat dans les wilayas, est contre l'abstention, le concurrent potentiel de Abdelaziz Bouteflika. C'est une véritable course contre la montre qui est lancée par le staff présidentiel, les trois partis de l'Alliance, les associations et les syndicats « maison ». Le président candidat ne fait, en réalité, que contribuer à cette large campagne et à ce matraquage qui visent à attirer les Algériens dans l'isoloir. Et ses visites ne peuvent avoir un autre sens que celui de convaincre les électeurs à se rendre aux urnes, en leur montrant quelques petites réalisations, alors que les grands projets promis pour cette année, si l'on se fiait aux déclarations des responsables -— une grande partie de l'autoroute Est-Ouest, le métro et le tramway — accusent beaucoup de retard. Par ailleurs, d'aucuns affirment que si le président Bouteflika a entamé sa campagne avant son ouverture officielle, car il limitera ses apparitions, une fois lancée, à cinq ou six grands meetings sans plus. Le reste, ce sont les responsables des partis de l'Alliance présidentielle qui s'en chargeront. Mais cela justifie-t-il qu'en plein processus électoral toute l'administration soit sur le pied de guerre pour garantir le succès du président candidat ? C'est ce que craignaient beaucoup de personnalités politiques et responsables de l'opposition, qui n'ont pas jugé utile de prendre part à un scrutin ficelé le 12 novembre 2008.