Le chef de l'Etat n'a pas attendu le lancement officiel de la campagne électorale pour annoncer ce qu'il prévoit de faire dans les mois et années à venir. Dans un discours de plus d'une heure, prononcé hier dans la commune d'Arzew (Oran), le président Bouteflika, candidat à un 3e mandat, promet des mesures en faveur des salariés qui constituent le principal réservoir électoral du pays. Devant un parterre de travailleurs de la zone industrielle de cette ville de la pétrochimie, des syndicalistes de l'UGTA à leur tête Abdelmadjid Sidi Saïd, des membres du gouvernement et des responsables et élus locaux, le président- candidat s'engage à revoir à la hausse le salaire national minimum garanti (SNMG), qui est actuellement de 12 000 DA. Arzew (Oran). De notre envoyé spécial Sans dévoiler le volume de cette augmentation qu'il compte opérer lors de la prochaine tripartite, qui devrait se tenir vers la fin de l'année. Soit bien après l'élection présidentielle du 9 avril 2009. Le chef de l'Etat semble ainsi plus que rassuré quant à sa victoire, lui qui a amendé la Constitution pour s'offrir un autre mandat. « Si je serai en vie d'ici là, je prendrai soin de vous », a-t-il lancé à l'endroit des travailleurs. Le président Bouteflika poursuit son discours de campagne en promettant de sauver les entreprises publiques en difficulté. Parmi les mesures de sauvetage de ces entreprises, il annonce l'effacement de leur découvert bancaire. « Citez-moi une entreprise qui n'a pas un découvert bancaire ! », a-t-il précisé, en se tournant vers le secrétaire général de l'UGTA, M. Sidi Saïd, comme pour le prendre à témoin. Tout en se félicitant des évolutions enregistrées dans le secteur économique et de l'amélioration des rétributions mensuelles des travailleurs, le président Bouteflika leur promet encore une meilleure prise en charge sanitaire en facilitant l'accès aux soins gratuits à ceux dont le revenu est faible. Cela sans oublier son engagement de revoir le régime indemnitaire qui constitue la revendication de centaines de milliers de travailleurs durant ces dix dernières années. Du milieu de la salle omnisports où il a fait son discours, une voix féminine lui exprime son plein soutien pour un autre mandat. Et le président saisit l'occasion : « Ce 3e mandat aura lieu ou pas, je reste serein. Si vous voulez retirer votre confiance, c'est le moment. Mais seulement, faites-le avec honneur et ouvertement. » Et de renchérir : « Si je l'obtiens (3e mandat, ndlr), je serai avec le peuple. Si je ne l'obtient pas, je resterai toujours avec le peuple. » Le chef de l'Etat est revenu dans ce sillage sur certains commentaires de la presse qui s'interroge sur le fait qu'il a eu 4 millions de signatures. « A ces commentateurs, je dirai 4 millions de voix ou mazal el khir (et ce n'est pas encore terminé) », s'est-il exclamé, précisant ainsi que ces élections sont « capitales » pour le pays. « Votez en toute liberté. Si vous ne m'aimez pas ou plus, je vous demande de voter contre moi. Mais votez », a-t-il clamé, en frappant de la main droite sur le pupitre. Le chef de l'Etat s'engage à assurer une répartition des richesses du pays sur le peuple. « Je veillerai à ce que chacun de vous ait sa part dans ce pays », a-t-il lancé à la foule, qui comptait également des bambins. L'assistance, visiblement acquise, réagit avec un tonnerre d'applaudissements et un « ha howa le président », créant une « ambiance » de stade. Défendant son bilan, le chef de l'Etat a mis en avant « les milliers » d'infrastructures publiques réalisées durant ses deux précédents mandats, soulignant que l'Etat a dépensé de 1999 à 2008 160 milliards de dollars. Il se félicite du paiement des arriérés de salaires qui ont coûté à l'Etat 32 milliards de dinars, de la revalorisation des allocations directes et celles de réversion des travailleurs non salariés. En évoquant les infrastructures routières, le chef de l'Etat n'a pas manqué de relever les retards enregistrés dans la réalisation de l'autoroute Est-Ouest. Il a ainsi interpellé Amar Ghoul, présent parmi l'assistance, lui demandant de dépasser les difficultés. Comme il a appelé les responsables au niveau régional et local, dont les walis, à se mobiliser pour la concrétisation de ce projet qu'il avait pourtant promis, lors de sa campagne électorale de 2004, pour l'année 2009. Se projetant dans les cinq années à venir, le président Bouteflika a appelé à l'investissement dans le secteur productif afin de réduire la facture de l'importation, qui a franchi en 2008 la barre des 40 milliards de dollars. « A ce rythme de croissance de nos exportations de capitaux, les revenus des hydrocarbures, même avec un prix du baril à 170 dollars, seraient insuffisants pour préserver, à moyen terme, notre indépendance financière et garantir la continuité de notre développement », a-t-il souligné. Le chef de l'Etat, qui n'a cessé de parler de la nécessité de préparer l'après-pétrole depuis son arrivée au pouvoir, n'a cependant présenté aucune démarche concrète pour fonder une économie productrice de richesses. Il s'est contenté d'annoncer avoir instruit son gouvernement de mettre en place des mesures à même de fonder une économie nationale basée sur les règles du marché. Le chef de l'Etat a rappelé le budget qu'il a consacré à son nouveau plan quinquennal (2009-2014) : une enveloppe financière de 150 milliards de dollars. « Nous disposons de ce montant », a-t-il assuré, réitérant son engagement à construire un autre million de logements et à créer trois millions d'emplois.