C'est ce qu'a affirmé, hier, Lachemi Siagh, expert financier et président du cabinet Strategica, lors de son passage au forum d'El Moudjahid. En effet, ce dernier a insisté sur la nécessité d'«investir une bonne partie de ce budget dans la création des capacités de gestion pour évoluer dans les réformes concernant le système bancaire et financier». Ces réformes, selon lui, sont tributaires de tout un environnement. «C'est pour cela qu'il faut créer des capacités de gestion et des richesses ainsi que des systèmes fiables dans les établissements financières», a-t-il soutenu. S'agissant de la gestion des risques, le conférencier affirme que «le pays a besoin de nouvelles compétences d'analyse, de la gestion des risques et de la protection contre ces derniers». Evoquant la titrisation, l'orateur, en citant les titres hypothécaires, les prêts, les cartes de crédit et la gestion des fonds des marchés monétaires a affirmé que ces domaines sont nouveaux en Algérie. A cet effet, il a mis en exergue le manque de gestionnaires actifs pour gérer, notamment, les portefeuilles de titre. Lachemi Siagh a souligné, par ailleurs, l'importance de mettre en branle le marché obligataire «d'autant plus qu'il comporte moins de risques que les crédits à l'épargne, même si cela dépend aussi de la performance de l'entreprise économique». En parlant des entreprises, l'expert a précisé : «Celles-ci doivent être fiables pour pouvoir s'inscrire en bourse, d'où la communication de leurs données aux banques pour accéder à des crédits.» Dans le même contexte, il a ajouté que «les taux d'intérêts élevés que pratiquent les banques publiques étaient dus à la déstructuration des entreprises publiques». «Cela a coûté à l'Etat 26 milliards de dollars en assainissement financier perpétuel. Elle vont encore coûter quelque 4 milliards de dollars dans les nouvelle tentatives de la mise à niveau», a-t-il lancé. Pour lui, les entreprises déstructurées sont consommatrices de crédits. Ainsi, explique-t-il, elles empêchent les banques d'accorder des crédits saints à l'investissement. «L'argent consommé jusque-là aurait pu être investi dans la mise en place d'un véritable tissu de PME génératrices d'emplois et non dans les entreprises créatrices de déficit et de chômage», a-t-il réaffirmé.Revenant sur les difficultés que rencontrent les entreprises pour avoir des crédits auprès des banques, Lachemi Siagh a soulevé les règles prudentielles imposées par la Banque centrale. Cette règle porte notamment sur l'impossibilité d'octroyer des prêts bancaires au-delà de 15% de fonds propres des banques. Selon lui, depuis 1998, il y a eu la création de six banques publiques et dix-sept privées. Le bilan de ces dernières s'élève à 2 500 milliards en 2003.