La commune de Mougheul, une des trois agglomérations formant les ksour du nord, défavorisée au plan de l'aide économique, va-t-elle définitivement sortir de son isolement ? Sa population de 1 000 habitants environ va-t-elle pouvoir enfin bénéficier des avantages inhérents à une sédentarisation durable qui mettrait fin au flux migratoire de sa population vers le chef-lieu de wilaya ? C'est en tout cas le vœu ardent des habitants de la petite localité, grâce aux actions multiformes qu'entend mener l'association écologique pour la protection de l'environnement, de la faune et de la flore créée en 1992. Elle vient de lancer, en direction de la petite agglomération, un vaste programme de revalorisation et de préservation du patrimoine naturel et culturel dans la région. La zone de Mougheul est une zone pré-désertique située au pied de l'Atlas saharien. Ses étendues rurales reposent essentiellement sur l'économie traditionnelle dont, notamment, l'élevage caprin, ovin et l'artisanat. En outre, ses principaux atouts sont constitués par son cachet géographique naturel, sa palmeraie presque à l'état d'abandon, sa steppe désertique, mais également par un riche patrimoine culturel à valoriser, rendant la petite localité propice à la promotion d'un développement durable. L'association écologique pour la protection de l'environnement, de la faune et de la flore a déjà signé un contrat de subvention avec la délégation de la Commission européenne en Algérie, au terme duquel cette dernière s'engage, dans un programme d'appui aux associations algériennes de développement, à venir en aide à celles impliquées dans la concrétisation, la promotion et la protection de l'espace environnemental. C'est dans ce cadre que l'association a inscrit, dans son registre, le projet intitulé « Réhabilitation du ksar de Mougheul », indique son président. Le projet retenu sera consacré à la valorisation du patrimoine culturel de la région de Mougheul. Il va permettre, selon ses détracteurs, la reprise d'une activité artisanale en déperdition ou à dynamiser, la transmission du savoir-faire en matière d'entretien du palmier et l'amélioration de la situation socio-économique des familles ciblées. Le créneau qui attire d'ores et déjà l'attention est la mise en place d'un atelier (parmi six) pour la sensibilisation et l'information sur l'artisanat féminin et touchera environ 40 personnes, dont 18 jeunes filles stagiaires. Selon ses promoteurs, le projet de Mougheul a pour finalité la contribution à la préservation du patrimoine culturel et la contribution à la sauvegarde des métiers de l'artisanat. L'association, d'après son président, a entrepris au préalable des consultations qu'elle a jugé utiles, notamment la Djemaâ de Mougheul, conseil des sages du village qui a identifié le groupe ciblé, en l'occurrence les 18 stagiaires. La municipalité de Mougheul a été appelée à appuyer les décisions de la Djemaâ pour son concours matériel du projet. La direction de l'artisanat et du tourisme de Béchar a été aussi sollicitée, en amont, pour son appui technique pour la formation de tissage et, en aval, pour la promotion des produits. La direction de l'hydraulique sera également impliquée pour la gestion et l'économie domestique de l'eau ainsi que l'inspection de l'environnement pour son apport technique aux problèmes locaux de gestion des déchets solides et liquides. Enfin, la Conservation des forêts doit participer à l'information et la sensibilisation de la population de Mougheul sur les problèmes liés à la désertification et la protection des ressources nationales. Il est spécifié dans l'étude du projet en question que l'association a choisi le site de Mougheul en raison de son enclavement, de la pauvreté de sa population et de l'absence d'infrastructures économiques. Le projet soutenu par la Commission européenne, qui s'inscrit dans le cadre du développement durable, va indéniablement améliorer les conditions de vie des familles et procurera un revenu substantiel aux jeunes filles. En outre, il est indiqué que l'association a éprouvé d'énormes difficultés pour cofinancer le projet à hauteur de 20%, mais l'obstacle du cofinancement a été levé, indique encore l'association. Selon une communication de l'association, le projet est divisé en six ateliers, un calendrier a été arrêté et des conférences seront données par des spécialistes en présence des autorités concernées. Ces ateliers concernent, notamment, la lutte contre la désertification, la gestion des déchets solides, le patrimoine bâti traditionnel, l'artisanat traditionnel, le patrimoine culturel et la gestion de l'eau.