Inaugurée le 5 Mai dernier avec en entame, l'exposition de l'artiste plasticien italien Giancardo Podda («Lumière au cœur du regard»), cette manifestation internationale des arts contemporains, sera, le temps d'une année, l'espace culturel ou évolueront des artistes plasticiens maghrébins, européens, africains et moyen-orientaux. L'exposition convergence, qui durera jusqu'au 24 Juin, initié par Rachid Redjah, 49 ans, et Mohammed Guessoum, 45 ans, s'inscrit dans cette démarche de découverte et de rencontre avec l'art contemporain. C'est l'histoire de deux anciens pensionnaires de l'Ecole Nationale des Beaux-arts d'Alger réunis, après une séparation de 15 ans, pour cette seule et unique occasion afin de «retrouver un vécu passé». Cette «convergence» n'est que physique puisqu' elle n'est appropriée ni à leurs sensibilités, ni à leurs inspirations, ni à leurs peintures. Des œuvres baptisées pour l'un et sans désignation pour l'autre. Un contraste des fresques dès que le regard s'attarde à les examiner. «Ce n'était guère évident de produire ces peintures. Pendant un moment, il était plus facile de peindre noir qu'autre chose», déclare M. Guessoum. Ces tableaux sont chargés de courbes, de lignes, de segments. Une rupture des couleurs brassées à l'aide d'un semblant d'écriture hiéroglyphique. Une déstructuration des géométries teintées de pigments chauds et froids. «Je suis à la recherche d'un optimisme décalé, je ne fais que réexploiter les couleurs, leur donner une autre dynamique», rétorque l'artiste, et il ajoute: «ce sont des éléments qui n'ont pas de structures, c'est l'intersection des lignes qui leur procure une dimension». Les pièces d'un grand puzzle morcelé pour la circonstance. «D'ailleurs, je n'ai jamais trouvé nécessaire d'estamper mes œuvres.» La divergence des peintures exposées est saisissante, à la vue de l'intitulé de l'exposition. «C'est la notion de groupe qu'on voulait mettre en avant en choisissant une telle dénomination. Nos retrouvailles n'étaient pas évidentes puisqu' il fallait convaincre Mohammed de bien vouloir exposer», nous dit M. Redjah en souriant. Il ajoute : «L'art moderne a changé, nous dépassons les conceptions d'espace et de matière la toile vit et évolue». Après 12 années passées à Ghardaïa, c'est un hommage au peuple du M'Zab et à son patrimoine architectural qu'il rend à travers ses productions picturales.Une «cité en paix» comme l'atteste l'une de ses sculptures. L'influence mozabite est palpable dans le travail de l'artiste. Il a ainsi su comment accrocher les détails. A cet effet, le peintre excelle dans la récupération de matériaux (zinc, goudron, enduit), les réutilise crée des croûtes tout en relief vivantes d'expression. L'architecture du M'Zab anime le décor des toiles, une peinture en profondeur et en arc de cercle. «En philosophie, l'arc est symbole de sécurité. Nous artistes avons constamment fait face à un manque de considération.C'est pour cela que nous sommes à la recherche d'une certaine forme de tranquillité». De là, découlent des noms évocateurs tels que «quiétude», «à la bougie», «l'écarlate», «tendresse», «sérénité»… les titres de ces tableaux qui habillent les surfaces blanches de la galerie. Une exposition étonnante de contraste et détonante de sincérité. A découvrir sans commune mesure. «La peinture se dégage de la sensibilité de l'artiste. Il se doit d'être sincère…», concluent les deux exposants.