Après les massacres, la destruction et le chaos assénés par l'armée israélienne à une population civile ghazaouie sans défense et ce, pendant plus de vingt jours, voilà que la communauté internationale accourt pour reconstruire Ghaza. La cité balnéaire égyptienne de Charm El Cheikh a accueilli hier une conférence des donateurs à laquelle ont pris part 75 délégations du monde entier pour mobiliser 2,8 milliards de dollars d'aide à la reconstruction de Ghaza. Mais la cause ghazaouie a permis de lever près du double de la demande palestinienne avec pas moins de 4,481 milliards de dollars pour les deux prochaines années. « Il s'agit de nouvelles promesses d'aides n'incluant pas les engagements pris par le passé. Si l'on compte les promesses d'aides qui ont été réitérées, on arriverait à 5,2 milliards. Ce qui dépasse largement nos attentes », a déclaré Ahmed Abou El Gheit, chef de la diplomatie égyptienne, à l'issue de ladite conférence. En précisant que ces fonds doivent être mis sous la responsabilité de l'Autorité palestinienne en transitant par des canaux par des mécanismes internationaux de gestion. L'Autorité palestinienne avait, quant à elle, estimé un plan de reconstruction basé sur un fonds de 1,3 milliard de dollars en 2009-2010 pour la reconstruction et le redémarrage de l'économie, outre 1,5 milliard pour combler le déficit en cours du budget de l'Autorité palestinienne, dont la moitié ira à Ghaza. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui a pris part à cette conférence, a annoncé une assistance américaine de 900 millions de dollars, dont seuls 300 millions iront à la reconstruction de Ghaza et le reste sera offert à l'Autorité palestinienne. Alors que l'Union européenne s'engage à verser 554 millions de dollars et les monarchies du Golfe – comprenant l'Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar et Oman – proposent 1,65 milliard de dollars. L'Italie, quant à elle, consacre 100 millions de dollars pour la même cause, contre 31,6 millions de la France et 45 millions de la Grande-Bretagne. D'autres pays comme la Corée du Sud et le Maroc, l'Australie, l'Irlande ont aussi mis la main à la poche, alors que la Russie a promis une aide en farine et en médicaments ainsi que l'envoi de 50 véhicules de transport de troupes blindés et deux hélicoptères civils à l'Autorité palestinienne. La condition du retour au processus de paix Les donateurs affichent toutes ces sommes mais exigent la garantie que cet argent n'ira pas à Hamas. Ce dernier, qui a réagi via un communiqué, refuse pour sa part « toute exploitation politique » de l'aide, en notant que « les donateurs iront dans la mauvaise direction en essayant de le contourner ». Pourtant, des effluves politiques ont plané sur les travaux de cette conférence où les participants se sont accordés à dire qu'il ne peut y avoir de reconstruction sans poursuivre le processus de paix. Cela à l'heure où la conférence s'est tenue sur fond de tension au Proche-Orient où le Premier ministre sortant Ehud Olmert a menacé de recourir à « une riposte sévère » suite à des tirs de roquettes lancés à partir de Ghaza. « Les efforts de reconstruction et de développement resteront insuffisants, impuissants et menacés en l'absence d'un règlement politique », souligne Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne. Ce dernier a lancé un appel au président américain Barack Obama pour agir et « sauver le processus de paix au moment où Israël s'apprête à se doter du cabinet le plus à droite de son histoire ». Le président français a, lui aussi, plaidé pour la redynamisation de ce processus en lançant : « Je souhaite la tenue dès ce printemps, en Europe, d'un sommet de relance de la paix dans ses trois volets. Il faut encourager les parties à fixer un calendrier aboutissant avant la fin de cette année, à la signature d'un accord et à la création d'un Etat palestinien viable, démocratique, moderne, vivant aux côtés d'Israël. » De même pour Hillary Clinton qui précise qu'en accordant cette aide humanitaire pour Ghaza, « nous cherchons aussi à promouvoir les conditions dans lesquelles un Etat palestinien pourra aboutir ». Pour le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, la priorité devrait aller à la réouverture des points de passage de la bande de Ghaza contrôlés par Israël. Le même vœu a été exprimé par les entrepreneurs et hommes d'affaires palestiniens de Ghaza, qui estiment qu'aucune véritable « reconstruction n'est possible sans la levée du blocus imposé par Israël et sans ouverture des points de passage ». Ghaza est, pour rappel, soumise à un blocus infâme par Israël depuis 2007 après que le Hamas ait pris son contrôle. C'est aussi ce qu'a affirmé le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, qui a indiqué qu'« un simple retour au statu quo ne suffira pas. Nous devons mettre Ghaza sur le chemin vers la prospérité durable et le bien-être et créer un environnement permettant à l'économie de s'épanouir et aux gens de vivre dignement ». Ceci et de dire que la levée du blocus « est la condition essentielle pour une mise en œuvre du plan de reconstruction ». Une réunion du Quartet (ONU, UE, USA, Russie) s'est tenue en marge de la conférence des donateurs pour relancer l'idée d'un gouvernement d'union palestinien.