Cette initiative est la première du genre à l'échelle nationale, puisque jusqu'alors, tous les dépistages du virus VIH s'effectuaient au niveau des centres de transfusion sanguine, CTS. En collaboration étroite entre l'association et la direction de la Santé de wilaya, ce centre permettra «un dépistage anonyme, gratuit, volontaire et où toutes les conditions seront assurées pour respecter la confidentialité ainsi que l'aspect psychologique et social de la personne pré et post-test» affirme le Pr. Tadjeddine, président de l'association et épidémiologiste. Ce centre sera aussi le fruit d'un partenariat avec l'association AIDES France, un organisme engagé dans la lutte contre le sida dans différents pays du monde, notamment en Afrique et dans les pays du Maghreb. «Le problème de dépistage se pose depuis une dizaine d'année et il fallait séparer le problème de la transfusion sanguine et celui du sida. Le dépistage du sida ne doit plus se faire de manière accidentelle lors des dons de sang ou des bilans demandés pour des malades pour une quelconque autre pathologie» explique notre interlocuteur. L'association proposera également aux citoyens, une assistance par téléphone pour faciliter l'accès à toute information ou renseignement concernant la maladie et son dépistage. «Les gens sont très réticents du fait de l'aspect qui reste tabou dans notre société malgré les grandes proportions atteintes de la maladie depuis sa déclaration en 1985. Raison pour laquelle on tend à assurer toutes les conditions nécessaires pour mettre les gens en confiance mais surtout pour les sensibiliser sur la gravité de la maladie. Car le sida ne reste plus le problème des groupes à risque comme les prostituées, les homosexuels ou les toxicomanes, mais c'est un danger qui se pose pour toute la société et nul n'est à l'abri si toutes les mesures de prévention ne sont pas prises», ajoute le spécialiste. Constat En effet, un seul contact avec le virus, par voie sexuelle ou sanguine et la personne risque la contamination par cette maladie qui fait ravage dans le monde entier. Un virus qui fait éradiquer des populations entières en Afrique, souligne notre interlocuteur. Et d'ajouter : «de plus en plus de femmes sont victimes du sida à leur insu ou malgré elles, à cause d'un conjoint malveillant. Beaucoup viennent au siège de l'association pour déplorer leur cas. Mêmes sachant que leurs maris sont atteints du virus, ces femmes dont les contraintes sociales et financières sont fortes, se retrouvent obligées, voir violentées par leurs conjoints pour continuer une vie conjugale, notamment sexuelle malgré le danger évident et imminent de la transmission du virus. C'est un grand problème dont il faut soulever le débat, car de nouvelles victimes risquent leurs vies chaque jour. Sur le plan des chiffres, il faut dire qu'ils sont peu significatifs. Il faut surtout et au moins multiplier chaque chiffre donné par 10, selon l'ONU sida.» Le spécialiste insiste avant tout sur une politique de dépistage qui doit être mise en place, en parallèle à une prise en charge totale du malade sur les plans social, médical et professionnel. «Le sida est également un problème de société où on voit la pratique du sexe débuter à des âges de plus en plus précoces, des relations sexuelles qui se font en dehors de toute protection avec des pratiques très dangereuses qui multiplient le risque de transmission du VIH» précise notre interlocuteur. Absence de compagne de dépistage, beaucoup de dissimulation et un manque flagrant de communication et d'information font que le sida prend de plus en plus d'ampleur dans son évolution qui reste ignorée, en l'absence d'étude de séroprévalence et en se limitant à des chiffres qui ne représentent que les cas dépistés accidentellement, notamment chez les donneurs de sang.