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Publié dans El Watan le 05 - 01 - 2006

Forcément cette attitude inique a profondément choqué l'artiste. «Pourquoi deux poids, deux mesures ? Il y a de l'injustice dans l'air», a-t-il conclu.
«Pourquoi donc subventionne-t-on des dizaines de films sur la Shoah et fait-on l'impasse sur l'esclavage ?», s'est-il écrié.
Et puis à force de revenir à la charge pour dénoncer tous les outrages, il a fini par agacer certains milieux qui voient en lui un dangereux provocateur. Ses fans eux n'en démordent pas et ont été toujours solidaires de leur idole. «N'enlevez pas la parole au seul Noir présent sur la scène humoristique française. 400 ans d'esclavage, il faut que ça sorte. Les Noirs, soutient Dieudonné, ne sont pas antisémites et n'ont de leçon de racisme à recevoir de personne.»
A ce propos, le comédien fait remarquer qu'il y a une véritable injustice dans le traitement de la lutte contre le racisme. «Nous avons été manipulés par des partis politiques, notamment le PS, qui ont instrumentalisé la lutte contre le racisme et qui n'ont fait finalement qu'inciter au racisme. Aujourd'hui quand on voit un Finkielkraut qui se lâche carrément, qui dit qu'il y a un racisme anti-Blanc, que les Noirs sont plus ou moins en train
de faire chauffer la marmite et qu'on va manger les Blancs dans la rue, cela devient inquiétant.»
Bien qu'il revendique depuis longtemps ses prises de position, ses véritables déboires commenceront le 1er décembre 2003 sur France 3 lorsqu'il a fustigé un axe américano-sioniste, avant de conclure par Isra-Heil ! dans l'émission «On ne peut pas plaire à tout le monde».
Dieudonné président
Dans les rédactions, c'est le branle-bas de combat. L'humoriste, relève-t-on, a dépassé les bornes. Ce n'est plus de l'humour, mais de l'hystérie, du délire hallucinatoire ! Sommé de s'expliquer, Dieudonné ne perd pas son sang-froid et affirme : «Il y a une inégalité dans le traitement de la souffrance dans ce pays. On a d'un côté une souffrance sacralisée qui est mise sur un piédestal. C'est quasiment devenu messianique. Il faut suivre comme ça les commémorations. Et de l'autre côté, des populations qui ont souffert et qui n'ont pas de leçon à recevoir de cette souffrance. A mes enfants, je leur ai dit, vous n'étudiez pas cette souffrance là tant qu'il n'y aura pas les autres. Il n'y a aucune raison que vous, descendants d'esclaves, vous n'ayez pas accès à votre histoire.» Comme on l'imagine, la blessure est profonde.
Devant ce forcené qui ose défier l'ordre établi, les intellectuels se mobilisent pour le faire taire. Alain Finkielkraut est de ceux-là. Il voue l'humoriste aux gémonies en termes blessants. Le qualifiant de raciste, d'antisémite. «Antisioniste, rectifie Dieudo, pas antisémite.»
Pourtant s'il y a bien quelqu'un de mal placé pour parler de Dieudo, c'est bien ce Finkielkraut que se présente comme le leader du courant des nouveaux réactionnaires. Dans l'entretien qu'il s'est accordé dans le journal israélien Ha'Aretz, notre philosophe a exposé ce qu'il n'osait, affirmait-il, dire en France. Des propos insultants visant «les immigrés et leurs rejetons qui détestent la France. Ils n'aiment pas travailler. Ils veulent de l'argent et des vêtements de marque».
Ainsi, le colonialisme aura été une bénédiction pour l'Afrique, l'humanité se partage entre «civilisés et sauvages».
Ses propos, qu'il assume par ailleurs, s'assimilent à du racisme lorsqu'il évoque, insidieusement, l'intifada des banlieues. Il s'agit pour lui d'une violence ethnico-religieuse, dont les causes ne sont pas socioéconomiques. Elle est le fait d'Africains et d'arabes, liés par leur adhésion à l'Islam et par la haine de l'Occident.
Les attaques contre les écoles et les édifices publics ? Des pogroms commis à l'encontre de la République. On sait bien évidemment à qui appartient ce lexique usité sciemment pour entretenir l'amalgame.
Cukierman, le chef des juifs de France, n'est pas en reste pour avoir livré l'humoriste à la vindicte avec des mots très durs aussi à l'encontre du gouvernement français, dont les membres, présents ce soir-là, n'ont eu pour seule réaction que de baisser la tête sous une pluie d'invectives.
Cukierman a été excessif sans qu'il soit inquiété ni poursuivi par une quelconque organisation anti-raciale. Seuls quelques téméraires membres de son conseil ont jugé les propos scandaleux, alors que l'Union des juifs de France pour la paix s'est vu obligée de pondre un communiqué pour se démarquer.
Chaque année, le gouvernement français et de nombreux parlementaires se précipitent au dîner du Crif pour montrer patte blanche et faire la démonstration qu'ils ne sont pas anti-sémistes. Et chaque fois, le piège tendu par cette instance communautaire et son président Roger Cukierman se referme un peu plus sur les politiques français entraînés dans une logique infernale : démontrer qu'on n'est pas anti-sémite ne peut se faire, selon le Crif, qu'en acceptant toujours plus l'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme, et en se taisant de plus en plus sur la politique israélienne d'occupation.
Quant à Bernard Henry Lévy, il n'a pas été par quatre chemins pour stigmatiser le rôle joué par le comédien. «Bernard Henry Levy veut m'éliminer du paysage audiovisuel. Il a bien dit qu'il veut m'éradiquer du monde des médias». «Qu'ils disent carrément qu'il y a une loi qui interdit aux humoristes d'origine africaine de faire un sketch sur l'Etat d'Israël. Au moins là ce sera clair, net et précis. Or, j'ai le droit, et j'ai gagné mes 17 procès», s'insurge-t-il. Pourtant, Dieudonné n'a d'autre ambition que de dénoncer l'hypocrisie des puissants de ce monde. A Alger, il a fait un tabac.
Je m'en fous du conformisme
C'était en février 2005 à la salle Ibn Khaldoun. «Je fais mon come-back discretos. Je commence par l'Afrique.» Depuis sa «mésaventure», les espaces d'expression de l'humoriste ont été réduits à une peau de chagrin. «C'est tout juste s'ils ne m'ont pas accusé des attentats du 11 septembre.» Dieudo a trouvé la parade, il s'expatrie.
A Alger où il a présenté son spectacle Mes excuses, il répond d'une manière caustique à ses détracteurs dont Levy qui l'a qualifié de fils de Le Pen. Pourtant, l'humoriste a fait son mea culpa. «Je ne suis pas un kamikaze, je ne veux pas faire du mal aux autres sans pour autant courber l'échine face au réseau médiatique sioniste et à la pensée unique ambiante, je n'ai rien à perdre mais je ne peux pas mentir à ma conscience, parce que cette manipulation devient de la pornographie. » Justement, l'artiste a été aussi épinglé parce qu'on lui a attribué des déclarations sur la pornographie mémorielle, qu'il dément avoir tenues. «C'est pas mon terme. Il y a un trop-plein de souffrance unique. Y aurait-il un crime plus important qu'un autre ? Comment se fait-il qu'il y ait un traitement différencié. Comment se fait-il qu'il n'y ait pas de commémoration de 4 siècles d'esclavage ? Hiérarchisation de la souffrance ?» «Il y en a une dont on entend parler en permanence. La République française est sous des groupes de pression extrêmement nuisibles.» Des Juifs, qui ne sont pas soupçonnés de sympathie envers l'humoriste, s'ils reconnaissent l'hypertrophie de l'information sur la Shoah et l'atrophie sur l'histoire de l'esclavage des Noirs, invitent l'artiste à faire ce qu'ont fait les Juifs après la Seconde Guerre mondiale en faisant un immense travail de mémoire, en recueillant les témoignages, en traversant de nombreux pays pour faire éclater la vérité. «Pourquoi Dieudonné s'acharne-t-il contre nous ? Il n'a qu'à faire comme nous», suggèrent-ils.
Un joyeux luron
S'il est comédien, Dieudo a touché aussi à la politique. Il est l'un des rares humoristes à s'être frayé un chemin dans l'arène politique en se présentant à plusieurs reprises devant les électeurs. En 1997, il concourt pour les législatives à Dieux face au FN. Il obtient 7,74% des voix au premier tour. Il participe également aux régionales de 1998 où sa liste obtient 5%. En 2002, il tente, dans le sillage de Coluche en 1981, de se présenter à l'élection présidentielle. Mais sa tentative fait long feu en raison de son incapacité à réunir les 500 parrainages d'élus. Récemment, il a annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2007.
Dieudonné n'est pas le seul à subir les foudres des décideurs médiatiques. Avant lui, d'illustres personnages ont été cloués au pilori comme Garaudy, traîné dans la boue pour avoir dénoncé la victimisation excessive des juifs et la culpabilisation des autres dans ses «mythes fondateurs de la politique israélienne» ou encore l'abbé Pierre qui avait osé critiquer la politique israélienne. Le retour du vieil homme le plus populaire de France dans les médias n'a été possible qu'après un mea-culpa à la télévision où le vieux ecclésiastique presque en sanglots dut faire amende honorable.
C'était le prix à payer pour rester dans les bonnes grâces du média-système.
Parcours
Mbala Mbala Dieudonné est né en 1966 à Fontenay d'une mère Bretonne sociologue et d'un père Camerounais expert-comptable. Avant de débuter le spectacle en 1991, il s'occupait à vendre des voitures. Avec Elie Semoun, il forme un duo explosif qui occupera la scène durant de longues années.
Après ses prises de position, Elie Semoun le traitera de Le Pen de gauche.
Au cinéma, il interprète le rôle de commentateur sportif dans Didier film d'Alain Chabat (1997) puis Le derrière de Valérie Lemercier (1999), Mission Cléopâtre de Chabat (2002).
En juin 2003, il comparait pour apologie d'actes de terrorisme après avoir affirmé qu'il préférerait le charisme de Ben Laden à celui de Bush. Il est relaxé. L'humoriste franco-camerounais s'est produit pour la première fois en Algérie les 16 et 17 février 2005 à la salle Ibn Khaldoun qui a affiché complet.
Subjugué par l'accueil chaleureux qui lui a été réservé par le public algérois, il s'est surpassé dans un spectacle apprécié où il a passé en revue sa propre situation, où après avoir flirté avec la gloire et les feux de la rampe, il se retrouve censuré, attaqué, boycotté par les émissions de télé par le système médiatique en général.
Il est devenu infréquentable et même ses collègues comédiens l'évitent pour ne pas s'attirer les foudres des décideurs.


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