Contrairement à l'Aïd El Adha 2005, les gens ne se pressent guère pour acheter le mouton ou les viandes rouges à l'occasion des fêtes de cette année. C'est ce que nous avons pu constater ces derniers jours lors d'une tournée à travers certaines localités de la région. Beaucoup d'éleveurs et commerçants locaux ont remarqué ce changement qu'ils imputent surtout à la conjoncture socioéconomique difficile que vit la wilaya. «Le chômage frappe de plein fouet des pans entiers de la société et il n'est plus possible pour un père de famille de s'offrir un mouton ou quelques kilos de viande dans la situation actuelle. Les prix du cheptel ont augmenté, mais cela est plus fort que nous dans la mesure où les frais liés à l'élevage et à l'entretien des animaux ont subi eux aussi une forte augmentation», nous ont indiqué certains d'entre eux. Au marché hebdomadaire de la ville, le mouton était cédé entre 15 000 et 24 000 DA, un prix que beaucoup de curieux trouvaient excessivement élevé. A ce tarif-là, seuls quelques pères de famille osaient s'approcher des maquignons pour revenir avec le «précieux» mouton de l'Aïd. Les autres sont rentrés chez eux bredouilles, car le peu d'argent qu'ils gagnent ne leur permet pas, selon leurs dires, «d'accomplir ce grand sacrifice». Même les rayons des boucheries ne sont pas pris d'assaut malgré la baisse des prix des viandes rouges par rapport à l'année dernière. Ceux-ci s'élèvent à 650 DA/kg pour l'ovine et 570 DA/kg pour la bovine. Là aussi, on ne se bouscule guère pour acheter des quantités de ce produit. Ce qui est aussi valable pour les abats dont le prix dépasse largement les 3000 DA l'ensemble de quelques kilos. Les carcasses de moutons alignées à l'intérieur des magasins n'attirent plus de monde, sauf le regard des passants qui ne s'arrêtent même pas devant ce type de commerces pour les mêmes motifs.Une bonne partie de la classe moyenne préfère plutôt les boucheries spécialisées dans la vente de viande congelée importée par des particuliers. Celle-ci est vendue 450 DA/kg pour l'ovine et 320 DA/kg pour la bovine, des prix qui sont jugés raisonnables et à la portée des bourses moyennes. Ce qui explique sans doute l'affluence de consommateurs sur ce type de commerces où cette variété de viande s'est substituée à la fraîche, devenue inaccessible pour de nombreuses familles. Comme à l'accoutumée, l'inspection divisionnaire a ouvert pour la circonstance des permanences pour veiller à la qualité du cheptel abattu. Par ailleurs, les prix des fruits et légumes ont connu une hausse sensible, à l'exception de la pomme de terre qui s'est maintenue à 25 DA/kg. Les revendeurs imputent cette flambée à la rareté des produits agricoles sur le marché en raison des fêtes de l'Aïd. Il est vrai que dans un circuit livré à lui-même, tous les coups sont permis au détriment du consommateur.