Grève, marches et échauffourées ont marqué le mouvement de protestation des étudiants entamé le 22 janvier dernier pour prendre fin le 19 février. Soit une longue paralysie des deux campus universitaires qui a traduit la complexité du problème. Après le vain déplacement d'une délégation ministérielle dépêchée sur les lieux, il a fallu solliciter la venue du directeur général de l'ONOU pour arriver à désamorcer la crise. Encore faut-il que celle-ci ne ressurgisse pas. Le problème des étudiants «SDF» s'est avéré un écheveau dont le démêlement a donné du fil à retordre aux pouvoirs publics. «L'administration des œuvres universitaires se trouve bloquée et ne peut pas à elle seule trouver une solution à ce problème», a déclaré, impuissant, Tahar Benaï, directeur des œuvres universitaires (DOU) lors de la dernière session extraordinaire de l'APW qui, devant la persistance de la colère estudiantine, a inscrit la question à son ordre du jour. Jusqu'au 5 janvier dernier, 14 213 étudiants, dont une majorité de 7991 filles, sont hébergés dans les six cités universitaires de la ville selon la DOU. Au décompte, il faudra aussi ajouter «323 agents». C'est ce que souligne la même direction sans plus de précisions sur l'identité de ces «agents». Pour certains élus, il y aurait près de 1000 «extra» qui logeraient dans les cités U, dont la capacité d'accueil théorique est de 11 287 places. La dernière cité à être comptée dans le patrimoine des œuvres universitaires de la wilaya est celle d'Iryahen. A capacité théorique de 3000 places, elle héberge depuis la rentrée 2004/2005 près de 1000 étudiants de plus. Il est loisible de déduire qu'il y a surcharge dans les chambres universitaires, et les comités des cités 1000 Lits et du 17 Octobre 1961 s'en plaignent et demandent à leur désengorgement. Et ce au moment où, pour le directeur, la possibilité de dégager des places, notamment au niveau de cette dernière cité, existe. En plus des effectifs étudiants de la dernière promotion, ce sont au moins 715 étudiants de la promotion d'avant qui revendiquent leur droit à l'hébergement. La guerre des chiffres a fini par donner naissance à un abcès de fixation sur la nouvelle cité, «la Pépinière», qui devait être réceptionnée pour la dernière rentrée universitaire. Avant la venue du DG de l'ONOU, il n'était question de l'ouvrir qu'avant avril 2006. «La date prévisionnelle d'octobre 2005 est reculée à décembre 2005. Or par correspondance du 19 janvier 2006, la DLEP s'est rétractée en dépêchant son responsable chargé du suivi du chantier pour reprendre les clefs des pavillons et des chambres déjà réceptionnées, et ce, pour travaux non achevés», écrit le DOU qui mentionne, dans un rapport adressé au wali, que les équipements sont stockés à l'intérieur de la cité. Le retard dans la réception a fait réagir les étudiants entrés en grève le 22 janvier. La délégation ministérielle qui s'est déplacée quatre jours plus tard à Béjaïa a décidé de répartir 496 étudiants, sur les 747 recensés, à travers les six résidences. Parmi les non-affectés, 204 filles sont «prises en charge dans les résidences de manière provisoire en attendant les résultats de l'opération d'assainissement». Une solution «théorique» qui n'agrée toujours pas les étudiants qui ont fait de l'ouverture de la nouvelle cité un leitmotiv qui revient dans leur discours à chacune de leurs actions de rue.