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Rania, l'adolescente kamikaze qui a dit non
Publié dans El Watan le 20 - 03 - 2009

C'est l'histoire d'une jeune fille de 15 ans, endoctrinée et poussée vers la mort par son mari. Rania aurait dû être la 31e femme bombe humaine d'Irak. L'adolescente a dit non au dernier moment.
Rania Ibrahim devait semer la mort et la terreur le 24 août 2008 sur le marché de Baâqouba, une ville située à 50 km au nord de Baghdad. Cette adolescente irakienne de 15 ans, au visage joufflu et aux cheveux bouclés, n'avait qu'à actionner le détonateur de la bombe qu'elle portait sous son abaya, sa longue robe noire. Mais au moment de devenir une kamikaze au milieu de la foule qui se pressait au milieu des étals des marchands, elle n'a pas pu. Ou plutôt elle n'a pas voulu. La suite de l'histoire a fait ensuite le tour du monde. Rania a été repérée par les hommes de la milice d'Al- Sahwa à un check-point. Ses gestes confus et son regard paniqué l'ont trahie. Les miliciens sunnites payés par l'armée américaine n'ont eu aucun mal à trouver sa ceinture d'explosifs sous sa longue robe noire. Les 20 kg de TNT que la jeune femme transportait devaient provoquer un bain de sang auquel l'Irak est habitué depuis l'intervention américaine en 2003.
Elle n'a pas eu le courage. Pour la première fois, le terrorisme irakien a trouvé un visage. Celui de Rania qui croupit depuis dans une prison de Baghdad. Mais qui est cette femme- enfant qui aurait dû être la 31e femme bombe humaine d'Irak cette année ? Pourquoi a-t-elle finalement refusé d'accomplir sa mission jusqu'au bout ? Etait-elle une terroriste isolée ? Ou faut-il y voir la patte d'Al Qaïda, qui contrôle la région de Baâqouba, devenue l'une des plus dangereuses du pays ? En Irak, les avis sont partagés. Pour beaucoup, Rania est une criminelle. Et elle mérite la mort. « En fait, elle n'a pas eu le courage d'aller jusqu'au bout. C'est tout », tranche Moundir, journaliste à Baghdad. « Quand on porte une ceinture d'explosifs, c'est qu'on y croit. C'est pour semer la terreur. En outre, elle n'a pas hésité à marcher de chez elle à la place du marché. Et s'il n'y avait pas eu une fusillade entre les hommes d'Al-Sahwa et des insurgés, elle se serait fait exploser. C'est une folle. »
Endoctrinement
Faux, rétorque Bessaed Selmane, la mère de Rania, en pleurs à l'autre bout du fil. « Ma fille est innocente. Elle n'a pas compris ce qui lui arrivait. » La sexagénaire a la voix amère de colère des mamans en détresse. « Elle a eu peur pour elle et les autres. C'est pour cela qu'elle a fait marche-arrière et qu'elle est revenue vers moi pour que je la débarrasse de la bombe. » C'est d'ailleurs ce que Rania a raconté aux miliciens d'Al Sahwa au moment de son arrestation. « Je ne veux faire de mal à personne », leur at- elle répété inlassablement. « Moi, je veux devenir docteur ou enseignante. Pas kamikaze. Ceux qui m'ont fait porter le gilet ne m'ont jamais dit que cela allait faire du mal. Je veux voir ma mère. » Rania, une victime ? La justice irakienne tranchera. Mais avant, elle aimerait bien mettre la main sur Hamid, le mari de l'apprentie kamikaze. Ce chômeur d'une vingtaine d'années a disparu depuis l'attentat manqué. Et selon la maman de Rania, c'est lui le cerveau du massacre manqué de Baâqouba. « C'est lui la source de nos malheurs. Il a obligé ma fille à devenir kamikaze, poursuit Bessaed Selmane, dont la voix déraille régulièrement. Il l'a endoctrinée pour la transformer petit à petit en terroriste. » « Un processus qui a débuté dès le mariage il y a neuf mois, raconte Alaa Al- Djabouri, un des seuls journalistes irakiens autorisés à rencontrer régulièrement Rania. Son mari l'a guidée pas à pas sur le chemin de la mort. Avec une idée : faire d'elle une bombe humaine. Chaque soir, il lui disait qu'il l'aimait beaucoup. Mais qu'il l'aimerait encore plus au paradis. Il lui achetait des cadeaux et il lui parlait du jour du jugement dernier. Il racontait les opérations des martyrs. De ceux qui sont récompensés par Dieu pour avoir offert leur âme pour la cause de l'islam. » Mieux, que le martyr est accueilli dans des jardins verdoyants et par le chant d'oiseaux aux mille couleurs. Toutes ses envies sont comblées. « Rania a cru son époux sur parole, poursuit Alaa Al- Djabouri. Elle est un peu simple d'esprit. Et il en a profité pour lui faire croire qu'elle deviendrait une "hour al aïn", une beauté du paradis. Surtout, il insistait pour qu'une fois au ciel, elle le choisisse comme partenaire pour faire l'amour éternel et pour boire les eaux de la rivière de miel et des élixirs de toutes sortes. » Rania était mûre pour le sacrifice. Le 24 août, les choses sont allées très vite. En ce dimanche de canicule, l'adolescente est prise en charge par Fatima Weedad, une cousine de son mari. C'est elle qui la ceint avec les 20 kilos d'explosifs. Continuellement, elle la rassure. « Rien ne t'arrivera », répète-t-elle avant de lui offrir un jus. « De la drogue, insiste Bessaed Selmane. Ma fille était dans un état second. Elle n'était pas elle-même quand la cousine de son mari l'a accompagnée au marché, devant l'école où Rania devait se faire exploser. » Avant de la quitter au milieu de la rue, Fatima raconte à la jeune kamikaze qu'elle verra des fleurs au moment de déclencher le détonateur de sa bombe. Rania est seule désormais. Et sans la fusillade qui l'a effrayée, elle aurait volé en éclats.
Le symbole
« Je regrette d'avoir donné ma fille à cet homme », pleure aujourd'hui Bessaed Selmane. « Il en a profité dès le début. Lui qui a été logisticien pour Al Qaïda l'a vendue aux terroristes. C'est terrible. » Pour la maman de Rania, ce mari indigne a gagné de l'argent avec la peau de sa fille. « Avec ces dollars, il pourra se payer une nouvelle femme, une nouvelle recrue pour la guerre sainte ! C'est ça croire en Dieu ? C'est ça ce que dit le Coran ? », prie-t-elle. « Ma fille a demandé le divorce. Elle ne veut plus rien à voir en commun avec ce monstre. » Rania n'est pas un cas isolé en Irak. Loin de là. De plus en plus de femmes se transforment en martyres pour le compte de la nébuleuse de Ben Laden, en perte de vitesse depuis quelques mois. Souvent simples d'esprit ou poussées par un désir de vengeance, elles sont devenues la meilleure arme des terroristes. Avec leur abaya, elles passent souvent inaperçues dans la rue et aux checkpoints où les hommes n'osent pas les fouiller. De fait, en Algérie, en Tchétchénie ou au Proche-Orient, les attentats suicide au féminin se multiplient. « C'est la preuve de la lâcheté d'Al Qaïda, indique Abdul-Karim al- Rubaye, commandant dans l'armée irakienne. La nébuleuse est à bout de souffle. » Rania en est d'ailleurs le symbole. En échouant dans sa mission, la jeune femme a rendu un fier service au gouvernement irakien. Depuis, il l'exhibe tel un trophée de sa guerre contre les terroristes. « Procès ou pas procès, condamnée ou pas, cette jeune fille est une victoire. Si elle était morte, elle aurait rejoint la liste des martyrs et serait devenue une légende. Mais là, on voit qui sont les soldats de Dieu. De simples gens, pauvres, souvent mal instruits que les terroristes utilisent comme de la chair à canon, insiste Alaa Al Djabouri. On est loin d'un acte réfléchi au service de Dieu. Ceux qui agissent ainsi au nom d'Allah n'en sont pas dignes. »


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