Tout est parti d'une lettre signée par Hamimid, actuel ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme et ex-wali de Constantine. Ayant estimé, à l'époque, en décembre 2000 plus précisément, que la loi avait été bafouée concernant la réalisation d'un marché commercial au niveau de la cité Daksi Abdesslem, quartier populeux de Constantine, Hamimid avait enjoint le président d'APC d'obédience RND de suspendre les travaux de construction non sans avoir saisi, parallèlement à cela, la justice. En effet, après avoir reçu une correspondance vitriolée du premier responsable de la wilaya, le maire de Constantine, Boudechiche, avait dès lors procédé à la démolition, à coups de bulldozers, de l'ébauche de ce marché commercial de plus de 700 locaux. C'était donc en 2000. Six ans après, Hamimid, promu entre temps ministre, ne s'est jamais prononcé au sujet de cette affaire qui a connu moult rebondissements et tenu en haleine l'opinion publique durant de long mois. Héritant de ce dossier sensible, son successeur, Tahar Sekrane, muté il y a quelques mois à Oran, n'a pas du tout résolu le problème le léguant à son tour – intact – à l'actuel wali, Abdelmalek Boudiaf. S'étant préalablement montré disposé à régler le problème en appliquant rigoureusement la loi, ce dernier a entrepris d'évacuer le site squatté par des centaines de commerçants informels, réservataires des locaux commerciaux de Daksi qui n'ont jamais vu le jour, engendrant ainsi la colère de ses occupants. Fraîchement intronisé à la tête de la wilaya, Boudiaf a ainsi vécu sa première émeute. Un fait l'ayant incité à prendre en charge ce dossier en s'accordant six mois pour trouver une solution à ce problème qui traîne depuis six ans. Or, le délai que s'était fixé le premier responsable de la wilaya a expiré et rien n'a été fait. Rien, à part l' ” éclosion ” d'un nouveau… marché informel, copie conforme de celui de Daksi, au niveau du quartier déshérité d'El Gammas, cité rebutante de la commune de Constantine. En voulant régler un problème, les officiels locaux en ont finalement créé un autre ! Des irrégularités et des élus poursuivis en justice Décembre 2000. Alors que l'entreprise Simco, actuellement dissoute, avait entamé les travaux de construction d'un marché commercial de plus de 700 locaux au profit de commerçants ambulants, le maire reçoit une lettre du wali Hamimid, suite à une enquête menée sous ses ordres par le directeur de l'administration locale (DAL) dans laquelle il fait état de ” graves dépassements “, accusant notamment trois délégués des secteurs urbains de Sidi Mabrouk, Boudraa Salah et Bellevue de s'être ” octroyés des prérogatives en procédant à l'élaboration de listes de bénéficiaires de ces locaux commerciaux et donné de l'argent aux entreprises chargées de leur construction et qui ont été choisies par ces mêmes délégués (…) et ce, sans que les services de l'urbanisme en soient informés et sans permis de construire “. Dans sa lettre, le wali avait également relevé le fait que l'assemblée communale n'avait pas été consultée, de même qu'elle n'avait pas donné son aval pour l'exécution de ce projet ” réalisé dans le plus grand secret, transgressant les lois et la réglementation en vigueur ” et noté que les sommes d'argent fournies par les futurs bénéficiaires des locaux commerciaux n'avaient pas intégré les caisses de l'APC, ni même été mentionnées dans le budget de la commune. Soulevant dans sa missive la ” gravité ” de cette affaire, Hamimid n'avait pas, à ce titre, exclu la ” complicité ” du maire, qu'il avait d'ailleurs sommé d'apporter les ” éclaircissements nécessaires “. En réponse à cette correspondance chargée d'accusations, le maire de l'époque, destitué quelques mois plus tard, ordonna la démolition le 19 décembre 2000 du marché de Daksi lequel a, semble-t-il, emporté dans ses décombres les tenants et les aboutissants d'une sombre affaire sur laquelle la justice n'a toujours pas levé le voile. Pourtant 4 élus (3 issus du RND et un autre du FLN) devaient être, suite à la plainte déposée par Hamimid, entendus par le juge d'instruction en janvier 2002, mais depuis aucune suite judiciaire n'a été, curieusement, donnée à cette affaire. Interrogé à ce sujet par certains élus lors d'une session ordinaire de l'APC de Constantine tenue en novembre 2001, le maire en place, un autre ” Rndiste “, avait laissé entendre que la justice n'avait pas trouvé de traces du dossier relatif à la gestion de ces locaux commerciaux ! L'affaire aurait-elle donc été classée ? Le dossier a-t-il réellement disparu ? Ce qui fut qualifié de ” scandale des locaux commerciaux ” garde donc, pour l'heure, tout son secret. La colère des commerçants Menés en bateau pendant des mois et bercés de vaines promesses, une centaine de commerçants, réservataires de locaux au niveau du ” fantomatique ” marché de Daksi, ont finalement décidé un certain 21 septembre 2002 d'exprimer leur mécontentement en bloquant l'accès du siège de la mairie de la ville du Vieux rocher. Une manifestation visiblement dictée par l'arrivée à son terme du mandat des anciens locataires de la mairie de Constantine. Les protestataires voulaient, en effet, régulariser et clarifier leur situation après deux années d'expectative d'autant que l'argent qu'ils avaient donné à l'entreprise Simco pour qu'ils soient portés sur la liste des bénéficiaires ne leur a pas été restitué. Littéralement ” piégés “, les commerçants du marché de Daksi se sont retrouvés à la case départ, sans interlocuteur crédible. Même les successeurs des élus sortants n'ont guère fait mieux, se contentant eux aussi de faire de vagues promesses. Ils s'étaient certes, par la suite, rattrapés au tout début de l'année 2004, en multipliant les déclarations de bonne intention à l'adresse des bénéficiaires déchus des locaux commerciaux, allant jusqu'à évoquer l'imminence de la… reprise du projet. En 2004, en effet, l'actuel président de l'APC de Constantine, de coloration FLN, avait fait part, dans une déclaration faite à El Watan, de ” l'existence d'un projet qui prendrait en charge la totalité des commerçants de Daksi, environ 800, dans l'attente d'un règlement de cette affaire “. Mais ces derniers ont eu beau patienter et frapper à toutes les portes, aucune solution concrète ne fut apportée à ce problème, vraisemblablement inextricable. Il a fallu attendre l'arrivée en août 2005, de Abdelmalek Boudiaf, l'actuel wali de Constantine pour que le dossier connaisse un certain regain d'intérêt auprès des officiels, mais la démarche opérée par le premier responsable de la wilaya à ce sujet était loin de répondre à la longue attente des commerçants de la cité Daksi. En effet, la décision des autorités locales de démolir, le 26 décembre 2005, le marché informel de la cité Daksi et ses étals de fortune avait provoqué de violentes échauffourées entre émeutiers et agents de l'ordre, se soldant par 24 blessés dans les rangs des forces de sécurité et 65 interpellations dont 19 mineurs. Parmi les personnes arrêtées, 46 avaient été placées sous mandat de dépôt pour troubles à l'ordre public et destruction de biens publics. Près de soixante condamnations seront, par la suite, prononcées à l'encontre des insurgés. Les accès de plusieurs secteurs de la ville avaient, pour rappel, été bloqués par des centaines d'émeutiers à l'aide de barricades et de pneus brûlés. Les commerçants sont revenus à la charge le lendemain, en improvisant cette fois une marche s'étendant du quartier de Sidi Mabrouk jusqu'au cabinet du wali, en scandant des slogans hostiles à l'administration locale et au nouveau wali. Le jour même des émeutes, le wali de Constantine, a réitéré, lors des travaux de la 4e session ordinaire de l'APW, au moment où les forces de l'ordre devaient user de matraques et de bombes lacrymogènes pour disperser les émeutiers, ” la détermination de l'administration de mettre un terme à l'anarchie qui prévaut dans plusieurs quartiers de la ville dont celui de la cité Daksi “. Un ” Daksi bis ” à… El Gammas Pourtant, sur ordre des services de la wilaya, une partie de ces mêmes indus occupants, délogés à quelques jours seulement de l'Aid El Adha de leur marché ” illicite “, a été – provisoirement – autorisée à s'installer au niveau de la cité El Gammas jusqu'à la veille de l'Aid, soit jusqu'au 9 janvier 2006. Uniquement ! Quand au reste de ” l'effectif “, il a été orienté vers la nouvelle ville ” Ali Mendjeli ” et le marché bihebdomadaire de Ain Smara notamment. Mais près de cinq mois après, les alentours du cimetière d'El Gammas ont peu à peu pris l'allure d'un ” marché Daksi bis “, occasionnant des embouteillages à l'intérieur de la cité et choquant aussi la sensibilité de certains citoyens qui n'ont pas hésité à nous faire part de leur mécontentement concernant l'exploitation du trottoir jouxtant l'entrée principale du cimetière par des vendeurs de tapis et autres articles vestimentaires. Ces derniers exposent, il est vrai, leurs tapis sur le mur d'enceinte de ce lieu de repos éternel et ce, chaque matin depuis des mois. Les officiels de la ville du vieux rocher auraient-ils donc oublié le caractère provisoire de la présence de ces commerçants à la cité El Gammas ou bien se seraient-ils tout simplement débarrassés d'un problème devenu trop pesant ? Combien d'autres années, combien de nouvelles assemblées élues et combien d'émeutes faudra-t-il encore comptabiliser pour que le problème des locaux commerciaux, ce que d'aucuns qualifient burlesquement d'” affaire d'Etat “, soit enfin résolu ? Le projet réévalué à 18 milliards Dans une déclaration faite à El Watan, le président de l'APW de Constantine a affirmé que le projet des locaux commerciaux de la cité Daksi avait été réévalué par l'APC de Constantine et que sa réalisation est ” en bonne voie “. De 16 milliards de centimes, le projet est passé, selon notre interlocuteur, à 18 milliards de centimes. ” Le marché sera édifié à l 'emplacement initialement prévu, et le bureau d'études retenu suite à l'appel d'offres lancé à cet effet a terminé son étude. La liste des 740 commerçants figurant sur la liste de Simco sera bien entendu prise en considération, mais une enquête de vérification sera néanmoins menée . ” Le P/APW évoque à ce propos le problème des commerçants issus des environs de Constantine et qui tentent de se greffer aux réservataires des 740 locaux dont les travaux devraient être lancés, d'après ses déclarations, dans les prochains mois. Il affirmera, à ce titre, que lorsque le marché a été démoli en décembre dernier, ” ils étaient 1200 vendeurs informels dont seulement 400 font partie de la liste des futurs bénéficiaires, une bonne partie des 800 autres n'étant pas originaires de la Wilaya de Constantine “. Le président de l'APW a par ailleurs confirmé le caractère provisoire de la présence d'une partie de ces commerçants à la cité El Gammas, ” le temps d'écouler leur marchandise en prévision, à l'époque, de l'Aid El Adha. Ils y sont toujours et nous ne pouvons pas leur demander de quitter les lieux tant que les locaux de Daksi ne sont pas prêts “.