« Ce n'est qu'un effet d'annonce, une manière pour le gouvernement de dire qu'il traite l'affaire sérieusement, mais nous sommes très prudents, car on ne connaît pas le contenu du texte. » Le projet de loi sur l'indemnisation des victimes des 210 essais nucléaires français en Polynésie et au Sahara, présenté par le ministre de la Défense Hervé Morin mardi dernier, inquiète Patrice Bouveret, responsable de l'Observatoire des transferts de l'armement. Contacté par El Watan Vendredi, il nous révèle : « Seuls, quatre essais nucléaires dans le Sahara algérien sont concernés par ce projet de loi, alors qu'il y a eu dix-sept essais nucléaires aériens et souterrains. Le ministre avance que seuls ces quatre essais sont infectieux mais que les autres sont propres puisqu'ils se sont déroulés dans des zones inhabitées. Or, pour l'instant, il n'existe aucune étude sérieuse qui le démontre. » Le responsable de l'Observatoire assure par ailleurs qu'il n'existe aucune étude sur le nombre des victimes des essais nucléaires. Le questionnaire soumis à quelque 2000 adhérents de l'association des vétérans des essais, seule source d'information, a permis d'évaluer le taux du cancer chez les militaires, de 30%. « Un taux beaucoup plus important que chez les civils », a précisé Patrice Bouveret. Si le ministre français de la Défense affirme que le nombre de personnes qui ont pu développer un cancer à cause des radiations est estimé à « quelques centaines », le responsable de l'Observatoire répond que l'on ne dispose, pour l'instant, d'aucune statistiquefiables. S'agissant des indemnisations, il est encore plus prudent : « Le gouvernement a dégagé une enveloppe de 10 millions d'euros, mais on ne sait pas qui va en bénéficier et ce qu'ils recouvrent » et de s'interroger : « Comment répartir cette somme ? Quels sont les critères ? Sur quelle base ? » Au sujet du montant avancé par la presse, de 66,67 euros par an et par personne, Patrice Bouveret reste sceptique : « Il ne se s'agit que de déductions de journalistes. »