La justice algérienne a atteint le fond. Les droits de la défense sont violés et des avocats sont révoltés. Pour protester contre cette situation, qui devient de plus en plus insupportable, deux éminents avocats, maîtres Miloud Brahimi et Khaled Bourayou décident de boycotter la première chambre pénale de la cour d'Alger. « Nous, Miloud Brahimi et Khaled Bourayou, avocats à la cour, agréés à la Cour suprême, avons décidé, à compter de ce jour, de ne plus plaider devant cette chambre », ont déclaré les deux avocats dans un communiqué commun rendu public, hier après-midi. Cette décision a été prise, indique le communiqué, pour contester contre « des atteintes graves et répétées aux droits les plus élémentaires des justiciables ». « Il n'est plus possible de continuer à plaider dans cette chambre et de voir les droits de la défense piétinés à répétition. La présomption de culpabilité devient aujourd'hui l'unique voie vers la condamnation des justiciables. La présomption d'innocence est altérée et les citoyens ont peur de comparaître devant les juges », nous a affirmé Me Bourayou. Aujourd'hui, enchaîne-t-il, il n'est plus possible d'avoir des procès équitables et objectifs, quand on est en face « d'une justice et de magistrats qui privilégient la présomption de culpabilité ». « Même les appels n'ont aucune chance d'aboutir. C'est trop ! Nous ne pouvons plus cautionner une telle situation », a-t-il lancé, en précisant que la décision prise « est difficile, mais mûrement réfléchie ». Me Miloud Brahimi abonde dans le même sens. Pour lui, il n'est plus question « de donner une caution à ce genre de dérives ». En décidant de boycotter la première chambre pénale, les deux avocats, ajoute-t-il, « veulent interpeller les autorités concernées, en l'occurrence le ministre de la Justice et le président de la République en sa qualité de premier magistrat du pays ». « Nous allons également essayer de sensibiliser l'ordre des avocats sur cette situation », a-t-il expliqué.