Les populations de l'exode, sédentarisées depuis une trentaine d'années à Azrou Kellal, 6 km environ à l'est d'Ath Mansour survivent dans des conditions inhumaines. Leur cadre de vie qui se distingue par une précarité criante ne s'est apparemment pas amélioré d'un iota depuis qu'on leur a attribué des logements semi-finis en 2007. Les occupants du sinistre taudis, version 2007, dénoncent un manque cruel d'étanchéité au niveau des charpentes bricolées, soit tous les malheurs de la promiscuité et de l'insalubrité. Leur statut d'éleveurs d'ovins dont les cheptels ont régressé progressivement à la mesure de la famine et de la maladie qui les ont parfois décimés, ne change en rien leur cadre de vie aléatoire et misérable. A l'occupation des logements inachevés en 2007, ils ont été d'abord confrontés au crucial problème de l'électrification. Il aura fallu que la presse écrite répercute leurs doléances et médiatise leur enfer quotidien pour que l'on daigne prendre en charge les branchements de Sonelgaz. Depuis, on n'a pas cessé de les rassurer que leur purgatoire devrait prendre fin, des promesses sans lendemain ; car avec le temps, ils se sont enlisés dans les difficultés. Aujourd'hui, leur principal problème n'est pas des moindres : l'eau potable qui leur est desservie par un camion-citerne, une fois par 15 jours en moyenne. « Il arrive que l'on passe 20 jours pour être approvisionnés », fulmine un septuagénaire rencontré sur les lieux. Et de préciser que des maladies ont fait leur apparition à cause justement du phénomène de stagnation des eaux conservées en attendant, à chaque fois, la prochaine livraison. Enfin à l'issue de la récente visite du nouveau wali de Bouira, ils ont été rassurés qu'une canalisation du barrage de Tilesdit, pour alimenter la wilaya de Bordj Bou Arreridj, reste une aubaine précieuse pour les alimenter en eau courante. Pour rappel, pas moins de 6 entreprises se sont relayées pour réaliser un programme de 36 appartements qui n'ont, en réalité, de logements que le nom. Après une longue période d'attente, les semblants de logements leur sont livrés, alors que beaucoup reste à faire en travaux de finition pour qu'ils soient habitables. Selon des témoignages poignants des occupants des lieux, ils n'ont pas les moyens d'achever ces habitations à moitié faites. Conséquence : ils n'ont d'autre choix que celui de se soumettre à des conditions de vie pitoyables. A présent, on assiste à une sorte de taudis hybride où une légion de cabanes en tôles se greffent aux petits F2 assortis d'une petite cour. Enfin, nos interlocuteurs parlent de 17 habitants auxquels on a promis des décisions pour une aide à la construction dans le cadre du FONAL. Pour cela ils doivent justifier de la possession d'assiettes de terrains. En 18 mois d'occupation les ex-nomades vivent d'intolérables conditions. Leur nouveau quartier, né de la construction de 36 logements individuels sur un terrain, acquis auprès d'un particulier, sans doute à un prix fort, rappelle les fameux camps de concentration, vestiges de l'ère coloniale. Les lugubres lieux où la nouvelle génération évolue dans le dénuement, contrastent avec une luxueuse base de vie de Sonatrach, à 300 m, où sans répit un gazoduc et deux oléoducs pompent les richesses les plus précieuses du pays.