Aujourd'hui, deux semaines après la fin de l'agression israélienne, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, se rendra à Beyrouth pour évoquer le déploiement de la force de l'ONU (Finul) et la sécurisation des frontières, particulièrement celle entre le Liban et la Syrie. Le gouvernement libanais refuse d'impliquer les troupes internationales dans la surveillance de sa région frontalière avec la Syrie, d'où proviendraient, selon les allégations d'Israël, les armes utilisées par le Hezbollah. Damas refuse un déploiement de Casques bleus à sa porte et a menacé d'y répondre en fermant la frontière, étranglant le Liban toujours soumis au blocus d'Israël. L'Etat hébreu, de son côté, exige que ce soit la Finul qui surveille «la contrebande d'armes», et en a fait la condition à la levée de son blocus. La résolution 1701, qui a dessiné le 12 août le cadre du règlement du conflit, «demande au gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d'entrée de manière à empêcher l'entrée au Liban, sans son consentement, d'armes ou de matériel connexe et prie la Finul (…) de prêter assistance au gouvernement libanais sur sa demande». Cette question devrait dominer les entretiens de M. Annan à Beyrouth. Selon l'ONU, le secrétaire général devrait aussi aller au Qatar, en Turquie, en Arabie Saoudite, en Egypte, en Jordanie et probablement en Syrie. Il sera également samedi 2 septembre en Iran, a annoncé hier Téhéran. Dans le sud du Liban, les troupes israéliennes occupaient encore neuf positions hier, selon un porte-parole de l'armée libanaise, ce qui interdit aux soldats libanais de se déployer jusqu'à la frontière. Israël a conditionné son retrait de la zone frontalière à l'arrivée sur place de troupes internationales susceptibles de dissuader de toute velléité offensive supposée du Hezbollah, qui occupe toujours le terrain et qui a jusqu'à présent refusé de désarmer. Ce pourrait être chose faite d'ici une semaine grâce au déploiement de contingents français et italien de la nouvelle Finul, a précisé le porte-parole sous le couvert de l'anonymat. Pas de profil pour la nouvelle Finul Les premiers des 7000 renforts promis par les pays de l'Union européenne, après 15 jours d'atermoiements, pourraient arriver à Naqoura, le QG de l'ONU dans le sud du Liban, dans les jours qui viennent. Le profil de cette nouvelle Finul, qui comptera à terme jusqu'à 15 000 hommes contre environ 2000 actuellement, sera affiné lors d'une réunion des pays contributeurs aujourd'hui à New York. Déjà dans le sud du Liban, plus de 200 soldats français du génie nettoient actuellement cette région truffée de munitions non explosées, et y rétablissent les communications après 34 jours de bombardements israéliens des routes et des ponts. La France, qui s'est engagée pour un total de 2000 Casques bleus, déploiera de nouvelles forces sur le terrain «d'ici 20 jours», a annoncé sa ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie. L'Italie prévoit de faire partir dès demain les premiers éléments de son contingent de 2000 à 3000 hommes. L'Espagne devrait fournir, pour sa part, 950 hommes, selon la radio Cadena Ser, sans préciser à quel moment. En Israël, le Premier ministre Ehud Olmert, en chute libre dans les sondages, hésite, quant à lui, sur les prérogatives de la future commission d'enquête sur les manquements constatés durant la guerre. Le conflit avait éclaté le 12 juillet après l'enlèvement par le Hezbollah de deux soldats israéliens, selon les justifications de Tel-Aviv. Ces derniers pourraient être libérés dans le cadre d'un échange de prisonniers d'ici deux à trois semaines, grâce à une médiation allemande, a rapporté hier le journal gouvernemental égyptien Al Ahram. Hier soir, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré qu'il n'y aurait pas de problème avec la Force intérimaire des Nations unies (Finul) renforcée tant que sa mission n'est pas de désarmer le Hezbollah. «La résistance (le Hezbollah, ndlr) sera un soutien pour l'armée libanaise et il n'y aura pas de problème avec la Finul tant que sa mission n'est pas de désarmer la résistance», a-t-il affirmé à la télévision privée libanaise NTV «Il n'y aura pas de présence armée du Hezbollah au Liban-Sud. Si des soldats de l'armée libanaise rencontrent un homme armé au Liban-Sud, ils auront le droit de le désarmer», a-t-il ajouté. La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU stipule qu'il n'y aura pas de présence armée au Liban-Sud autre que celle des forces légales libanaises.