Israël a toujours refusé de souscrire au moindre engagement international et, d'ailleurs, on attendait les suites qu'il allait donner à la résolution 1701 du Conseil de sécurité, supposée mettre fin à la guerre de l'été dernier contre le Liban. Il est vrai que les armes se sont tues, mais le texte, disait-on au moment de son adoption, n'allait rien régler, car il laisse le soin aux Libanais de s'entendre sur le désarmement du Hezbollah. Depuis mercredi, Israël veut que cette opération soit assumée et menée par la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), alors même qu'elle n'est pas mandatée pour le faire. C'est donc le prétexte invoqué par Israël pour arrêter son retrait du territoire libanais. Fidèle à sa philosophie, l'ONU espère toujours que le retrait des derniers soldats israéliens du Sud-Liban interviendra dans les prochains jours, en dépit d'Israël. Le Liban, qui a déposé des « dizaines de plaintes auprès de la Finul sur des violations israéliennes, compte saisir le Conseil de sécurité de l'ONU si Israël retarde son retrait », a déclaré, jeudi, un haut responsable militaire libanais. Cet incident est intervenu au lendemain de la décision d'Israël de suspendre son retrait du Sud-Liban en raison de l'absence de garantie sur la neutralisation de l'arsenal du Hezbollah. Israël a également menacé d'utiliser la force pour disperser des manifestations violentes de civils dans le Sud-Liban. Malgré tout, la Finul espère toujours, selon son porte-parole Alexander Ivanko, un retrait israélien « d'ici la fin du mois », soit avant demain. Entrée dans cette région lors de son agression contre le Liban, mi-juillet, l'armée israélienne occupe encore dix positions le long de la frontière. Pour un haut responsable militaire libanais, la décision israélienne est une remise en cause de la résolution 1701. Celle-ci prévoit le déploiement jusqu'à 15 000 Casques bleus dans le Sud-Liban, censés appuyer une armée libanaise sous-équipée. Quelque 5000 soldats de l'ONU sont actuellement déployés, contre 2000 avant le conflit. La 1701 stipule, en outre, que l'armée libanaise et la Finul doivent être les seules forces armées dans le Sud-Liban. Mais, selon le texte, il revient à l'armée libanaise d'intercepter les armes du Hezbollah et non de les rechercher. « Nous ne ferons aucun compromis en dehors du cadre de la résolution 1701 », a prévenu le responsable militaire libanais. Le chef d'état-major israélien, Dan Haloutz, avait déclaré la veille que la suspension du retrait israélien était due à l'absence d'accord « sur toutes les règles d'engagement et toutes les modalités d'application de la 1701 ». Cette situation risque de mettre dans l'embarras la Finul, prise entre les feux croisés des exigences israéliennes et des réclamations libanaises. Interrogé sur les menaces de répression contre des civils libanais par l'armée israélienne, le porte-parole de la Finul a répondu : « Nous avons des règles d'engagement robustes et la capacité d'agir, si nous sommes confrontés à une situation hostile ». On sait ce que cela veut dire. L'armée israélienne a ordre de tirer sur tout ce qui bouge. Exactement comme dans les territoires palestiniens. Maintenant, que comptent faire la Finul et l'ONU d'une manière générale, face à une obstruction aussi évidente ?