Un scandale ne vient jamais seul, dit-on. A peine quelques jours après l'emprisonnement du PDG et du superviseur de Grand Smithy Work, c'est à un autre d'éclater sous l'impulsion du syndicat d'ArcelorMittal. Il est étroitement lié à la réticence du groupe sidérurgique ArcelorMittal quant à la création d'une société mixte devant le regrouper avec Ferphos Group et la SNTF. Annaba De notre bureau Selon Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat, un audit a été lancé il y a 3 jours à l'encontre d'une entreprise étrangère spécialisée dans le transport. Il s'agit de EFES, une Sarl turque de droit algérien. Au même titre que GSW, elle bénéficie d'un traitement de faveur à faire envier toutes les entreprises étrangères. Ce favoritisme a été initialement dénoncé par les transporteurs algériens sous-traitant à ArcelorMittal El Hadjar. Ainsi, dans une lettre adressée à Bernard Bousquet, alors fraîchement installé au poste de PDG via le syndicat de l'usine, neuf entreprises de transport avaient exprimé leur mécontentement quant à la politique de deux poids, deux mesures appliquée par son entreprise. « Grande fut notre surprise de constater qu'une société étrangère turque a été introduite à l'effet d'assurer le transport du minerai de fer, alors que nous sommes 9 à assumer la même mission depuis des années », ont-ils dénoncé. Grave situation, d'autant plus que cette entreprise turque n'a rien apporté en matière d'investissement. Soutenus par le syndicat de l'entreprise, les transporteurs locaux ont dénoncé ouvertement les dispositions du contrat qui lie ArcelorMittal à la Sarl EFES. « Depuis Ispat, aucun opérateur algérien n'a pu bénéficier d'un contrat de chargement et de transport d'une durée de plus de 3 mois. La Sarl EFES, quant à elle, a bénéficié dès son installation en 2007 d'un contrat renouvelable d'une durée de 24 mois », ajoutent les transporteurs d'ArcelorMittal. Ce favoritisme caractérisé ne s'arrête pas là. Il est, selon eux, nourri par d'autres pratiques aussi douteuses qu'inégales telles que les avantages en matière de pesage où EFES a eu l'exclusivité avant tous les autres opérateurs. D'après la même source, la situation est « de même lorsqu'il s'agit du paiement. Les Turcs bénéficient périodiquement d'avances sans facturation au moment où la régularisation intervient à terme. « Qui est derrière EFES ? D'où puise-t-elle ses appuis ? » Quand on revient sur les conditions d'acquisition de ce contrat, ces interrogations seront limpides. En effet, la société EFES avait décroché son contrat en 2007, soit du temps de Sanjay Khumar, l'ex-PDG d'ArcelorMittal Annaba. Il avait fait bénéficier EFES de ce contrat, signé de gré à gré, dont le montant s'élevait à plus de 35 milliards. Mieux encore, les dispositions de ce contrat ont été taillées sur mesure pour faire profiter EFES au maximum. Selon une étude comparative réalisée par le syndicat de Smaïl Kouadria, ArcelorMittal affrétait la tonne de minerai auprès des transporteurs algériens à raison de 120 DA et 190 DA la tonne pour le coke contre 205 DA la tonne du minerai et 205 DA pour le coke pour EFES. Soit une perte sèche de 180 200 dollars/mois pour ArcelorMittal. « Pour faire croire à la supercherie, les Indiens avaient préparé l'arrivée de EFES. Ils avaient procédé unilatéralement à l'augmentation des prix du transport un mois avant que EFES ne décroche son contrat », conclut l'étude du syndicaliste qui rassure encore une fois les investisseurs étrangers quant à leur soutien à toutes les formes de partenariat. Selon des cadres de Sider : « La création d'une société mixte de transport n'arrangerait pas les intérêts des Indiens. Ils seront obligés d'appliquer la transparence, notamment dans leurs déclarations fiscales. D'ailleurs, ils favorisent le tout camion pour le transport de leurs produits par voie ferrée pour éviter de déclarer le réel. » Contacté, la direction générale d'ArcelorMittal est, comme d'habitude, restée étanche quant à toute déclaration relative à ce scandale. A l'issue de l'audit instruit sur demande du secrétaire général Smaïl Kouadria, plusieurs masques tomberont. Parmi eux, ceux habitués aux pèlerinages aux frais des entreprises étrangères et d'autres dont le transfert à Alger a été accueilli avec liesse dans le milieu des sidérurgistes qui réclament un nouveau sang dans la gestion de leur usine.