L'exposition tend à montrer qu'entre les photographes et les plasticiens il existe un acte créatif commun... On veut montrer ce qui arrive lorsque les plasticiens et les photographes s'accaparent le médium de la photo. Cette technique de reproduction d'un moment est là, détournée par les plasticiens. Nous avons donné la chance à des artistes plasticiens de démontrer de quelle manière ils manipulent le médium. Même chance pour les photographes qui regardent d'une autre façon leur outil du reportage. D'où l'idée de reconstruction... Chacun reconstruit l'instant. Les photographes sont habitués à travailler sur l'instantané, ils peuvent créer une histoire à partir de cet instant comme celle des conteneurs qui posent une certaine idée sur le contenu et le contenant ou celle des rochers anthropomorphes qui nous renvoie à certaine mythologie sur les montagnes qui avaient une âme. Il y a, par exemple, Naïma Saâd Bouzid qui a repris un reportage sur la SNTF et qui en a fait une poésie sur le métal ou Selim Aït Ali et Hakim Guettaf qui racontent un peu Alger en noir et blanc. Le choix des sujets s'est-il fait librement ? D'après le travail des artistes, nous avons fait un choix pour qu'il y ait une cohérence globale par rapport au regard reconstruit du photographe et du plasticien. Nous avons lancé un appel aux photographes et aux artistes. Et comme c'est une première exposition dans cette thématique, nous n'avons pas voulu choisir un grand nombre de participants pour permettre une plus grande présence des œuvres exposées. Nous voulions que les exposants racontent leur histoire dans sept ou huit œuvres. Plus d'exposants aurait signifié moins d'œuvres présentées au public. On aurait donc pas pu aller plus loin dans la démarche du photographe. Les exposants ne sont pas tous connus du public… Parmi eux, il y a des artistes connus et il y a d'autres qui exposent pour la première fois. il y a des photographes paysagistes ou des reporters-photos (…) D'habitude, les plasticiens ne montrent pas leur travail photographique. Donner une autre vision sur la photo conceptuelle et la photo esthétique est l'un des objectifs de cette exposition. Le domaine de la photo est tellement vaste que les techniciens et les photographes purs et durs négligent ce côté libre et gestuel de la photo. Quel regard portez-vous sur la photo en Algérie et y a-t-elle toute sa place ? J'ai eu la chance d'enseigner à l'Ecole des beaux-arts. Je sais donc qu'il y énormément de potentialités. La jeune création photographique est très riche, mais il n'y a pas d'espace d'expression pour la photographie. La photo est négligée par rapport à la peinture en valeur marchande. C'est une photo de série qui peut être reproduite. La peinture, elle, est œuvre unique. D'où la différence de valeur.