Le rite ibadite « doit » être officialisé. Des milliers de citoyens – de Ghardaïa – le revendiquent et le font savoir à travers une lettre adressée aux plus hauts responsables de l'Etat dont le président de la République. Une lettre accompagnée de plus de 4000 signatures de Mozabites surtout. A la tête des initiateurs de cette « pétition », on trouve Kamel Eddine Fekhar, militant des droits de l'homme, et également membre du secrétariat national du FFS. Leurs revendications consistent en la reconnaissance officielle de ce rite ancestral, qui se perpétue de père en fils. Ils motivent leur demande par la nécessité de le préserver en lui donnant un cadre juridique, qui permettra de l'enseigner légalement et officiellement à l'école. Les signataires de cette lettre tentent de mettre en valeur l'importance de ce rite, qui se caractérise, selon eux, par « sa doctrine inaltérée à travers des siècles d'existence », mais aussi par son patrimoine culturel et son universalité. En Algérie, ils le considèrent comme l'un des plus anciens. Ce rite, comme ils le soulignent, est « basé sur le bon sens des choses, la non-violence, l'abnégation, l'acceptation d'autrui et le sens de l'équité envers ses adeptes et ses collatéraux ». Bien qu'ils soient une minorité, en Algérie et dans le monde, les adeptes de ce rite estiment qu'il est de leur droit, en tant que communauté, de bénéficier d'une couverture juridique les prémunissant contre tout dépassement, quelle que soit son origine ou son corollaire. Considérant l'appartenance à ce rite comme un droit reconnu par la Constitution qui consacre la liberté de culte, ils demandent ainsi de combler le vide juridique en le constitutionnalisant. Ce vide juridique, alertent les signataires de la lettre, condamne presque à la disparition ce rite. Cela, expliquent-ils, par l'absence à la fois de l'enseignement des principes de base de ce rite au sein des établissements scolaires et de subventions réelles et efficaces en faveur des écoles privées. Le rite ibadite souffre également de l'absence de référence juridique dans les textes de loi. De ce fait, « sa pérennité et sa persévérance seront émoussées par le facteur temps qui est un corrosif efficace », lit-on dans la lettre. Aussi, les auteurs de cette action revendicative expriment « des craintes de voir la pratique religieuse, selon ce rituel, exposée à des dépassements multiformes allant jusqu'à la fermeture des lieux de culte ». Pour éviter de telles éventuelles dérives et bien d'autres, ils demandent l'officialisation du rite dans « les plus brefs délais ». L'ibadisme, faut-il le préciser, est une école des plus anciennes en Islam. Elle a été fondée moins de 50 ans après la mort du Prophète Mohammed. Le nom de l'école dérive du nom de Abdullah Ibn-Ibad At-Tamimi. Même si les disciples de cette école revendiquent que Jabir Ibn Zaid Al-Azdi, originaire d'Oman, était leur vrai fondateur. Contrairement aux autres rites, les ibadites considèrent que le commandeur des croyants ne doit pas être nécessairement de la lignée du Prophète Mohammed, ni d'une certaine race ou couleur. Ce rite a été combattu et chassé par d'autres courants musulmans pour ses pensées qualifiées de politiques. Les ibadites représentent moins de 1% des musulmans. Outre l'Algérie, ils existent en Tunisie (l'île Djerba), en Libye et au sultanat d'Oman. Parmi les rites reconnus officiellement en Algérie, il y a le malékisme.