On ne saura jamais s'il a tout dit, ou plus précisément si ses très nombreuses déclarations constituent une réponse aux multiples attentes que lui-même n'avait pas manqué de susciter, mais toujours est-il que le président des Etats-Unis est passé, hier, à la question de la course aux armements, un sujet qu'il a déjà abordé mercredi dernier à Londres, avec son homologue russe. Cela s'est passé à Prague peu avant le sommet Union européenne-Etats-Unis. Il a ainsi parlé des armes nucléaires, un sujet devenu récurrent avec, bien entendu, l'Iran que l'on présente comme une puissance potentielle, ce qui reste à prouver, mais aussi du très controversé bouclier antimissile qui irrite tant la Russie avec laquelle Obama envisage une mise à plat avant de conclure un nouveau partenariat. C'est ainsi que Barack Obama a promis de poursuivre, pour le moment —et la précision est de taille — le projet de bouclier antimissile européen, dont la République tchèque et la Pologne doivent accueillir des éléments. Néanmoins, il a conditionné cette promesse à ce que l'intérêt du projet, mis sur les rails par son prédécesseur George W. Bush, soit « prouvé » et ses coûts maîtrisés. En outre, il a souligné à l'adresse de Téhéran que le bouclier perdrait sa raison d'être le jour où l'Iran cesserait de constituer un risque nucléaire. En fin de compte, et comme cela se disait au lendemain de son élection le 4 novembre dernier, la crise économique impose d'autres priorités. D'un autre côté, la menace iranienne pourrait être neutralisée. Par le dialogue tout simplement, mais pas uniquement, puisque les Etats-Unis ont décidé d'impliquer ce pays dans un système régional et Téhéran n'a pas dit non. Bien au contraire. Dans ce cas, « l'élément moteur de la construction du système de défense antimissile en Europe disparaîtra », a ajouté M. Obama. Plus généralement, maintenant, M. Obama a promis d'œuvrer pour un « monde sans armes nucléaires », via la réduction des stocks, l'arrêt des essais ou la lutte contre la prolifération. « Les Etats-Unis, en tant que seule puissance nucléaire à avoir jamais utilisé une arme nucléaire, ont la responsabilité morale d'agir », a-t-il déclaré. « En conséquence, aujourd'hui je souligne clairement avec conviction l'engagement des Etats-Unis et son désir d'œuvrer en faveur de la paix et de la sécurité d'un monde sans armes nucléaires », a ajouté M. Obama. « Je ne suis pas naïf, cet objectif ne sera pas atteint rapidement, peut-être pas durant mon existence », a-t-il ajouté. Mais il a souligné que « l'héritage le plus dangereux » de la guerre froide était constitué des milliers d'armes atomiques aujourd'hui stockées, tout en dénonçant le « fatalisme » de ceux qui prétendent qu'on ne peut rien faire. Concrètement, le président américain a indiqué que son administration allait militer « avec détermination » en faveur de la ratification par le Sénat américain du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT). « Le temps est venu pour que les essais d'armes nucléaires soient définitivement bannis », a-t-il dit. Le traité a déjà été ratifié par 148 pays et n'entrera en vigueur que lorsqu'il l'aura été par les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, le Pakistan, Israël, l'Iran, l'Egypte, l'Indonésie et la Corée du Nord. Par ailleurs, M. Obama entend négocier un nouveau traité international capable « de mettre fin de manière vérifiable à la production de matériaux fissiles » à des fins militaires. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie ont déjà déclaré un tel moratoire. Le nouveau traité viserait à inclure aussi la Chine, l'Inde et le Pakistan. M. Obama a également appelé de ses vœux la tenue d'un sommet mondial sur la sécurité nucléaire pour empêcher la prolifération des armes ou matériaux dans ce domaine. Un sommet que les Etats-Unis accueilleraient « dans le courant de l'année à venir », a-t-il dit. Il a également confirmé son intention de négocier avec la Russie, d'ici la fin de l'année, un nouvel accord sur la réduction des arsenaux nucléaires des deux pays. Autant de déclarations d'intention susceptibles de constituer une politique elle-même en mesure de stopper la course aux armements. Peut-être alors que le monde pourra consacrer ses ressources à d'autres causes plus terre à terre, mais tout aussi nobles. Cela renvoie à la notion de justice, et c'est ce qui est attendu des Etats-Unis.