Les petites bourses, pour ne pas évoquer le cas des sans revenus de la catégorie des laissés pour compte de la société, sont désormais devant le fait accompli d'une « crise alimentaire » qui ne dit pas son nom. C'est la flambée vertigineuse du prix du précieux tubercule, plat du pauvre par excellence. Hors de portée des personnes aux bas revenus et de ceux qui ne trouvent plus quoi mettre sous la dent pour apaiser leur faim, la pomme de terre, car c'est d'elle qu'il s'agit, est depuis quelques jours la reine des fruits et légumes à la suite de la montée en flèche de son prix qui a atteint les 85 DA le kilo. Avant, elle était le dernier recours des petits ménages, maintenant elle est pour certains privilégiés. Son prix qui donne le tournis l'a fait porter sur la liste des interdits pour les pauvres, réduits à une véritable déchéance alimentaire par le fait d'un contexte inflationniste, les empêchant de manger à leur faim. Et pour cause, un simple petit tour au marché des fruits et légumes permet de se rendre à cette triste évidence qui fait que seuls les nantis ont le droit de s'offrir des choux-fleurs, des tomates, de la patate et autres fruits. Les autres, ceux qui peinent à joindre les deux bouts, n'ont que leurs yeux pour jeter des regards furtifs sur ces produits avant de s'en aller, la tête basse. Ainsi, et après avoir mis un trait rouge sur les viandes et les poissons, dont les prix ont atteint des cimes vertigineuses, les pauvres sont maintenant dans l'obligation d'ignorer l'existence de la pomme de terre et d'oublier les autres produits de base dont ils se nourrissaient. Heureusement qu'ils ont encore à leur portée les sachets de lait et les petites baguettes de pain pour subsister !