La peine de prison de Mountazer al Zaïdi, le journaliste irakien, rendu célèbre pour avoir lancé ses chaussures à la figure de George W. Bush, a été réduite en appel de trois à un an, a annoncé, hier, son avocat. « La cour d'appel a décidé de réduire de trois à un an la peine de prison » de M. Zaïdi, a déclaré son avocat principal, Dhiya al Saâdi. « Et ce, pour plusieurs raisons : ses motivations, son jeune âge et le fait qu'il n'ait pas commis de crimes auparavant », a ajouté M. Saâdi. « Il a eu une bonne conduite en prison, c'est pourquoi la cour a réduit sa peine », a conclu l'avocat. Selon le code irakien d'application des peines, a précisé l'avocat, une peine d'un an de prison correspond en fait à neuf mois seulement de détention. Mountazer al Zaïdi avait commis son geste le 14 décembre 2008 et a été arrêté le jour-même. Il devrait donc être libre à la mi-septembre prochain. Il avait été condamné le 12 mars à trois ans de prison par la cour criminelle centrale d'Irak. Condamné pour « agression contre un chef d'Etat étranger lors d'une visite officielle » et détenu dans une prison de la « zone verte », le secteur ultra-protégé de Baghdad, il avait fait appel du jugement. « Cette condamnation a un caractère cynique dans un pays où tellement d'assassins de journalistes n'ont pas été traduits en justice. Nous appelons à sa libération », avait réagi l'organisation Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué. « Nous regrettons évidemment que Zaïdi ait choisi cette manière de protester contre la politique du président Bush, mais il n'y a rien qui justifie une peine de prison », estime RSF. Le juge avait expliqué qu'il avait tenu compte de la jeunesse de l'accusé et du fait qu'il s'agissait de sa première condamnation. Le journaliste risquait, en effet, jusqu'à 15 ans de prison. En plaidant non coupable, le journaliste avait expliqué que sa réaction était « naturelle, comme celle qu'aurait eu n'importe quel Irakien ». Ouvert le 19 février, le procès de Mountazer al Zaïdi, inconnu jusqu'à son lancer de chaussures, le 14 décembre de l'année dernière en pleine conférence de presse de l'ex-président américain et du Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, avait été ajourné en raison d'un débat sur la nature de la visite de M. Bush. M. Zaïdi avait justifié son acte par l'extrême émotion qu'il avait ressentie face « au responsable des crimes commis en Irak ». « Il est le plus grand responsable des meurtres commis contre mon peuple et j'ai donc modestement voulu faire quelque chose pour les victimes », avait-il dit. Il s'était levé et avait crié au président américain qui effectuait une dernière visite en Irak : « C'est le baiser de l'adieu, espèce de chien », avant de lui lancer ses chaussures. Celles-ci n'avaient pas atteint leur cible. Le journaliste a assuré avoir été « battu et torturé à l'électricité après l'incident par un général ». Ses frères avaient annoncé qu'ils tentaient de faire traduire M. Bush, Nouri al-Maliki et ses gardes du corps pour « torture » devant une cour belge ou espagnole.