La hausse du chômage tétanise le gouvernement, la France se désindustrialise, les usines se délocalisent, la droite allume des contre-feux. Et pourquoi changer une recette qui a fait ses preuves ? Comme à chaque veille d'élections, l'immigration refait sa réapparition. Le président Nicolas Sarkozy a demandé au ministre de l'Immigration, Eric Besson, de mettre en place « une nouvelle politique d'intégration », qui ferait l'objet d'un débat annuel à l'Assemblée. Paris De notre bureau Le ministre de l'Immigration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire se voit fixer cinq priorités dans une lettre cosignée par Nicolas Sarkozy et le Premier ministre, François Fillon. Le Figaro, quotidien très proche du gouvernement, publie les principaux points de la lettre. Les conditions d'entrée et de séjour en France pour les travailleurs étrangers vont se durcir. Et de stigmatiser les sans-papiers : « La priorité absolue doit aller au retour à l'emploi des personnes qui en sont privées en France. » La première priorité, « renforcer la lutte contre l'immigration irrégulière », donne les grandes lignes de la politique. Nicolas Sarkozy invite son ministre à tenir compte des difficultés économiques. « Dans le contexte actuel de l'emploi, écrit-il, et compte tenu d'un taux de chômage de 22,2% d'étrangers non communautaires d'après l'Insee, toute perspective d'une relance globale, massive et indifférenciée de l'immigration de travail doit être fermement écartée. » Selon lui, le recours à l'immigration de travail doit intervenir uniquement dans deux cas précis : « Lorsque les entreprises se heurtent à une pénurie structurelle » et quand il s'agit d'admettre « des personnes dont il est avéré que la venue sera favorable au dynamisme et à la création d'emplois dans notre pays ». L'immigration choisie trouve aussi ses limites en ces temps de crise. Les « immigrés choisis » qui seront accueillis en France au titre du travail seront soumis à un régime spécial et doivent retourner chez eux une fois leur mission en France achevée, « au moyen de visas de circulation, de cartes de séjour saisonnier et de toutes les solutions juridiques permettant la mobilité sans ouvrir droit à une résidence définitive ». Le ministre de l'Immigration doit maintenir le rythme des expulsions, 27 000 éloignements par an. Il est invité à « améliorer la procédure de reconduite à la frontière et à simplifier son contentieux ». Il devra « optimiser l'usage de la biométrie et réduire la fraude aux visas de court séjour ». Toujours avec la culture des chiffres, l'Elysée exige l'arrestation de 5000 passeurs. Et pour lutter contre l'« esclavage moderne », le nombre d'opérations de contrôle chez les employeurs de clandestins devra passer « de 1220 en 2008 à 1500 en 2009 ». L'Elysée veut aussi « réduire les temps de traitement des demandes d'asile qui sont excessifs ». « La France doit être en mesure d'accueillir chaque année au moins 50 000 étudiants étrangers, en diversifiant ses sources de recrutement à l'échelle planétaire », écrivent Nicolas Sarkozy et François Hollande. Il faudra « viser un taux de 70% de ces étudiants dans des disciplines indispensables au développement économique et au bien-être des populations des pays d'origine ». Ces jeunes devront d'ailleurs pouvoir « circuler sans entrave » entre la France et leur pays durant leurs études. Nicolas Sarkozy appelle à une « nouvelle politique d'intégration ». « Les objectifs de la nouvelle politique d'intégration devront être débattus au Parlement. Nous vous demandons de nous proposer des solutions pour que chaque année, à partir de 2010, un débat annuel se tienne au Parlement sur les orientations de la politique d'accueil et d'intégration du gouvernement. » Le quotidien de Serge Dassault révèle que les primo-arrivants doivent mieux maîtriser le français. Le diplôme initial qui leur est imposé doit afficher « au moins 90% » de réussite. 60 000 signataires des nouveaux contrats d'accueil et d'intégration bénéficieront en 2009 d'un « bilan de compétence ».