Mobilisation totale au quartier général du RCD. S'il n'y a aucun doute sur l'issue de l'élection présidentielle, il y a cependant une sérieuse problématique autour du taux de participation à l'origine des inquiétudes des pouvoirs publics. Il fallait donc suivre l'évolution du scrutin. Saïd Sadi est au bureau depuis les premières heures de la matinée. Son parti a mis en place un véritable centre d'observation du déroulement du scrutin. Le pays est divisé en trois zones : le Sud, le Nord et les Hauts-Plateaux, en plus du vote de l'immigration. Quelque temps après le début de l'opération du vote, Saïd Sadi, après les premières informations récoltées auprès des militants dispersés à travers les plus importantes régions, annonce : « C'est le film de Marseille qui est joué à Alger. » Au fil de la journée, le gonflage du taux de participation était sur toutes les lèvres. En fin d'après-midi, le RCD rend public un communiqué au vitriol. Selon lui, « les véritables chiffres collectés par le ministère de l'Intérieur situent le taux de participation à 17h30 à 23,63%, mais les différents cercles du pouvoir, ajoute-t-il, sont tombés d'accord pour donner un taux de participation se situant entre 69 et 72% ». Sur un échantillon de 58 centres de vote urbains, périurbains et ruraux, les estimations recueillies à 16h donnent un taux de participation nationale de 16,73%, indique le communiqué de la formation de Saïd Sadi, qui cite comme exemple la ville de Tlemcen où à 15h, le taux de participation était à 13,28%. A la même heure, la ville de Sidi Bel Abbès n'avait enregistré qu'un taux de 17,33%. Selon le RCD, « les irrégularités sont massives, multiples et se retrouvent du Nord au Sud, d'Est en Ouest, illustrant une stratégie centralisée de fraude ». Ces dépassements se manifestent, ajoute la même source, « par le bourrage des urnes ayant entraîné des contestations, voire des troubles, notamment en Kabylie, Djelfa, Bechar et Biskra où la police a ramassé des jeunes ayant exprimé leur refus de voter ». Pas seulement, le RCD met l'accent « sur l'utilisation de bus remplis de militaires et de policiers en civil pour organiser des flux artificiels d'électeurs face aux caméras de télévision ». Ce qui a entraîné, selon lui, « des incidents à Béni Amrane, Thénia et Bab Ezzouar ». A Alger, soutient-il, « c'est la compagnie Tahkout qui se charge de faire la tournée des bureaux de vote avec ses chargements ». Le parti de Saïd Sadi affirme aussi : « Depuis 14h des instructions parviennent d'Alger à Batna, Sétif, Chlef et Bechar pour transmettre un taux de participation minimum de 70%. » En effet, le RCD n'a « aucun doute sur le fait que ces injonctions sont transmises à toutes les wilaya ». Aux Issers (Boumerdès), souligne-t-il, « les militaires des casernes de la gendarmerie et de l'armée, habillés en civil, ont été propulsés vers les urnes au moment où arrivaient les trois observateurs dépêchés par l'ONU pour rédiger un rapport sur le scrutin ».