Nécessité n Le marché des fruits et légumes est livré à lui-même. Des mesures d'urgence doivent être prises pour le réorganiser. Avant d'arriver à la ménagère, les légumes et les fruits passent par plusieurs mains. Chacune d'elles applique une marge bénéficiaire de plus au détriment des consommateurs. «Des fois, le produit passe par 5 intermédiaires avant de finir dans le panier du consommateur», a signalé Boulenouar Hadj Tahar, porte-parole et chargé de communication de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Les légumes et les fruits passent généralement de l'agriculteur au mandataire, au grossiste et enfin au détaillant. Interrogés les uns après les autres sur la flambée des prix de ces produits, chacun d'eux rejette la responsabilité sur l'autre. Les uns évoquent la fameuse équation de l'offre et de la demande qu'ils accusent souvent d'être derrière la flambée des prix. Les autres, notamment les agriculteurs, se disent victimes des mandataires et des détaillants qui se font beaucoup d'argent sur leur dos, d'autres encore avancent le manque de production. Bref, ils se disent tous innocents. Mais en réalité la première et dernière victime reste toujours le simple citoyen qui n'arrive plus à remplir son couffin. La pomme de terre à 80 DA, les carottes à 60 DA, l'oignon à 50 et la tomate à 100 DA, ces prix affichés sur les étals donnent le tournis et nous font penser au bon vieux temps où ils se vendaient entre 10 à 30 DA. La pomme de terre considérée pour longtemps comme le légume des classes défavorisées, est devenue un luxe, chez nous, aujourd'hui. «Je me demande comment font les familles modestes pour faire grandir leurs petits chérubins. Avec un Snmg à 12 000 DA, alors que tous les légumes connaissent une flambée honteuse des prix», lance tristement un vieux à la retraite, rencontré au marché Ali-Mellah à Alger. «Le marché algérien des fruits et légumes est livré à lui-même, l'anarchie est partout, pis encore les prix sont libres», c'est le constat fait par Mohamed Medjbar, directeur de l'Association des mandataires au marché de gros des Eucalyptus. Outre ces anomalies, ce dernier souligne la présence de plusieurs marchés parallèles qui échappent à tout contrôle. «Quand les produits agricoles sont chers, ils ne rentrent pas aux marchés de gros, mais les transactions se font ailleurs.» Pour étayer ses dires, l'orateur indique que la pomme de terre par exemple n'est pas entrée au marché de gros des Eucalyptus pendant 10 jours. Interrogé sur les accusations portées sur les mandataires, M. Medjbar nie catégoriquement l'implication de ces derniers dans la flambée des prix des produits agricoles. Selon lui, les détaillants et les intermédiaires sont les responsables de cette hausse, car ils ne respectent pas la marge de bénéfice, qui ne doit, en aucun cas, dépasser les 45%», dira-t-il. Or, sur le terrain c'est une autre histoire. En effet, des fois l'augmentation est de 100% sans se soucier du simple citoyen accablé par la cherté des produits de large consommation, et dont le pouvoir d'achat ne cesse de dégringoler de jour en jour et d'une année à l'autre.