L'Algérie est face à son destin et nous sommes à la croisée des chemins, nous avons le choix entre les forces de la réaction et celles du progrès et notre parti ne peut qu'opter pour la seconde solution, car nous sommes du côté des jeunes, des femmes et des travailleurs », considère Louisa Hanoune, porte-parole du PT, qui a rencontré hier ses militants et sympathisants à la salle El Feth, le temps d'un long discours au cours duquel il a été beaucoup question de fraude électorale. « L'articulation du monde de la finance et des affaires avec le politique est un danger qui menace la stabilité de la nation », estime-t-elle en évoquant explicitement les nouveaux riches (à ne pas confondre avec la notion de bourgeoisie inexistante en Algérie) qui veulent réimposer le système clientéliste et qui ne veulent pas d'une stabilité qui serait contraire à leurs intérêts mercantiles. « Qu'est-ce qui est en train de se préparer ? », s'interroge-t-elle face à l'ampleur de la fraude menée à grande échelle et qui traduit une volonté de revenir au régime du parti unique même de façon déguisée, c'est-à-dire avec un simulacre de démocratie. « Dans beaucoup de cas, les résultats que nous avons obtenus réellement lors des élections sont très proches (de ceux exprimés en faveur du président de la République, ndlr) et parfois nous sommes sortis premiers, mais tout a été chamboulé par une fraude sans précédent menée par des responsables locaux qui, par excès de zèle, sont entrés en concurrence pour qui va aller le plus loin possible dans le bourrage des urnes », affirme-t-elle, tout en se félicitant que cette situation n'a pas généré de dérives. « Un score brejnévien », rapporte-t-elle, tel que mentionné par la presse occidentale et qui « représente une honte pour le pays qui perd ainsi sa crédibilité et offre un atout pour les puissances financières qui peuvent faire pression pour fructifier leurs intérêts au détriment de la majorité des Algériens. » « Le président de la République dit qu'il y a une liberté de la presse en Algérie, qu'on annule alors l'article 144 du code pénal », suggère-t-elle, en reconnaissant que le média lourd reste fermé et déplore le fait que la voix des candidats et des partis qui ont dénoncé la fraude a été étouffée. Le président de la République est pourtant relativement épargné dans ses critiques en pensant que ce dernier ignore l'ampleur de la fraude menée en sa faveur. Et c'est à lui qu'elle adresse ses plaintes, car elle ne veut pas tomber dans le piège de l'opposition menée à partir de l'étranger. Elle pense que Abdelaziz Bouteflika a les moyens d'agir contre « la pieuvre clientéliste » qui mine l'Etat. Mieux encore, elle pense même qu'au sein du vieux parti, le FLN, des militants sincères ne sont pas eux aussi d'accord avec cette récession.