Mettant en avant la présence de Fadéla Amara (secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la ville), parmi l'équipe qui l'accompagne à Oran, le cinéaste Alexandre Arcady pense qu'au-delà du plaisir personnel, c'est là un soutien de la présidence française pour son projet d'adaptation au cinéma du dernier roman de Yasmina Khadra ce que le jour doit à la nuit. En compagnie de l'auteur du livre, il s'est exprimé, vendredi soir à l'hôtel royal. « J'ai tout de suite été happé par l'histoire et c'est un honneur pour moi d'avoir acquis les droits pour en faire un film », a déclaré le cinéaste pour qui, « on dirait que le roman a été écrit spécialement pour le 7e art ». Il en fera un long métrage mais aussi une mini-série de trois épisodes pour la télévision. Le tournage n'est prévu que vers la fin de l'année 2010 mais, pour lui, ce voyage un peu prématuré est motivé par la volonté de « partager une émotion brute » et entamer dès maintenant un travail de « reconstitution future d'un rêve commun ». Il qualifie le livre d'œuvre majeure à tel point que les films qu'il avait réalisés auparavant, lui apparaissent, désormais, comme une phase préparatoire pour restituer une époque, un pays, ses morts, ses drames mais aussi ses plaisirs, etc. Alexandre Arcady citera parmi plusieurs de ses œuvres Là-bas mon pays dont l'avant-première mondiale avait été donnée à Alger, pour expliquer que les thèmes, dont il est question dans le futur projet, ont déjà été abordés sauf qu' avec ce livre, « tout d'un coup, il y a le tout ». Il explique : « Depuis les années 1930 à nos jours, des personnages, hommes et femmes, vont se mouvoir, connaître l'amour, les ruptures, panser les cicatrices, le tout à travers un regard extérieur qui évitera de condamner afin de mettre en avant l'humanité et les gens qui ont aimé cette terre même de manière différente ». Par opposition au « fossé » qui a fini par se créer, il pense que le pont qu'on peut construire entre la France et l'Algérie peut passer par les artistes. Si le livre est un hymne à la réconciliation, que le film le soit aussi, semble-t-il vouloir dire en suggérant de « regarder le passé avec calme et sérénité ». Le sujet lui-même peut s'inscrire dans la dynamique de l'union pour la méditerranée (UpM) qui essaie de jeter des passerelles entre les deux rives de la méditerranée. « Nous n'avons pas forcément besoin d'un appui politique, mais c'est important que les hommes et femmes politiques prennent conscience et font en sorte que les choses deviennent différentes. » La façon de voir de cet enfant de la Casbah d'Alger, qui a quitté le pays à l'âge de 12 ans, trouve en partie ses origines dans sa conviction personnelle qui stipule que « l'homme est forgé par le pays où il a vécu son enfance, son histoire ». Cette histoire, il ne cessera pas de la raconter et cela ne semble pas s'arrêter. « J'ai pensé que j'ai beaucoup dit sur l'Algérie mais ce film est un prolongement inespéré et sera d'une plus grande importance dans ma filmographie. » A commencer par un budget de l'ordre de 17 millions d'euros en espérant une coproduction effective avec l'Algérie, car l'œuvre, dont le titre n'est pas encore choisi, exigera beaucoup de moyens pour les reconstitutions d'époque, à Oran ou à El Maleh (ex-Rio Salado), pour retraduire l'atmosphère et le contexte de cette saga. Contrairement à Là-bas mon pays où les scènes en extérieur ont été tournées à l'étranger, ce qui a déteint quelque peu sur le réalisme du film. pour ce futur projet, le tournage en Algérie est acquis. Seules les scènes studio seront filmées en Tunisie car l'Algérie qui, selon M. Arcady était dotée d'une vraie industrie du cinéma dans le passé, a tout perdu et pas seulement, comme il le pense, à cause de la décennie de guerre contre le terrorisme qui a tout balayé. « L'Algérie peut redevenir une terre de cinéma », espère-t-il, en se basant sur les paysages inexploités et un probable rapport à la nature non encore défigurée.