Le Mois du patrimoine revient comme chaque année célébrant la mémoire collective que représentent les biens culturels matériels et immatériels que l'histoire a légués à la postérité. Des festivités sont organisées ici et là, qui se résument dans l'organisation de conférences animées par des spécialistes et la tenue d'expositions dans quelques musées et monuments historiques autour du patrimoine. Le Bastion 23, le musée de la miniature, de l'enluminure et de la calligraphie, le musée du Bardo et celui des beaux-arts seront entre autres des lieux de manifestations vers lesquels les habitués affluent. En d'autres termes, peu de gens du monde de la culture s'y intéressent ; la plèbe, elle, a d'autres chats à fouetter que de fourrer son nez dans le patrimoine que nous envient beaucoup de pays. Le fonds archéologique, qu'illustrent les vestiges datant de la préhistoire jusqu'aux strates de l'époque ottomane en passant les périodes numide, punique, phénicienne et romaine, a besoin d'être valorisé en attendant, comme de bien entendu, sa capitalisation dans le domaine touristique. Faut-il signaler que le nombre de sites et monuments avoisine les 2000, sinon plus sans compter ceux qui ne sont pas encore défrichés dans notre sous-sol qui regorge d'un trésor plusieurs fois millénaire. Des curiosités historiques supposées susciter une halte. Cela étant, il reste souhaitable que ce mois dit du patrimoine réussisse à drainer autant de monde, particulièrement les potaches qui ont besoin de se frotter un tantinet à leur passé. Et pour reprendre l'expression imagée d'un archéologue autour de la définition du patrimoine : « L'homme qui s'intéresse au patrimoine est comme le sauteur en longueur, il doit prendre son élan pour mieux bondir », résume-t-il. En clair, se tourner vers son passé pour mieux appréhender l'avenir. Il est un lieu commun de dire que peu d'universités, lycées se donnent la peine de coller à un tel événement. Il n'est pas moins vrai aussi de relever cette remarque : nos établissements scolaires, qu'ils soient publics ou privés, lésinent sur l'effort de conduire les enfants dans le dédale du patrimoine séculaire. L'idée de faire faire une virée aux élèves dans les musées et les plonger au cœur d'une histoire – de leur histoire – n'effleure que très peu de chefs d'établissement. Un tel réflexe socioéducatif n'a pas lieu d'être inscrit dans les tablettes de l'éducation, sommes-nous tenus de dire. C'est bien dommage !