Le front social gronde à l'est du pays et résiste au vent de la privatisation en appelant cette fois la centrale syndicale à respecter ses engagements à l'égard des travailleurs. L'appel exprimé dans le communiqué « pondu » hier par l'union de wilaya de Constantine est franchement sobre par rapport au débat ayant caractérisé la rencontre des syndicalistes qui n'ont pas hésité à montrer du doigt Sidi-Saïd et à qualifier même sa démarche de trahison. En effet, les représentants de plusieurs fédérations affiliées à l'UGTA réunis samedi dernir à la Maison des syndicats pour étudier le dossier de la privatisation ont demandé, à l'unanimité, à la centrale de respecter le document élaboré le 27 janvier 2002 relatif à la stratégie de l'UGTA. Les récentes déclarations du secrétaire général n'ont visiblement pas été du goût de la base et l'ont amenée à demander ainsi aux dirigeants de l'union de « prendre en considération les opinions et les préoccupations des travailleurs qui font face à la politique néolibérale empruntée par le gouvernement sur directives du Fonds monétaire international (FMI) et des établissements financiers internationaux ». Les participants ont exigé également la tenue d'une conférence nationale qui doit regrouper toutes les forces vives pour l'élaboration d'un plan qui pourrait constituer une alternative économique et sociale et un document de base pour l'UGTA. Avant cela, il est attendu des cadres syndicalistes, qui prendront part à la rencontre du 2 février et à celle de la commission exécutive, la prise de décisions qui soient à la hauteur des aspirations de la classe ouvrière. La colère des syndicalistes de Constantine n'est pas due uniquement au « revirement » de Sidi-Saïd. Le constat établi à propos de la politique du gouvernement vis-à-vis de l'appareil économique national et du volet social est aussi à l'origine de l'inquiétude, voire du rejet exprimé désormais envers la moindre initiative. Ainsi, il est reproché à l'Exécutif d'Ouyahia le non-respect de ses engagements concernant l'effacement des dettes des entreprises et l'inefficacité des mesures devant protéger la production nationale et celles censées encourager l'investissement. Le gouvernement est appelé en outre à réhabiliter les règles commerciales, à imposer le respect de la concurrence légale et à créer des lois sociales à même de protéger les couches vulnérables et capables de répondre aux changements. Même si la dissidence n'est pas encore à l'ordre du jour, de grandes divergences semblent diviser désormais la base et le sommet de l'UGTA au sujet de la privatisation. L'échéance toute proche, qui devra regrouper les cadres syndicalistes, sera certainement une rude épreuve pour le secrétaire général qui aura à fournir des explications au sujet de ses récentes déclarations et à faire face à ses nombreux détracteurs.