Beaucoup a été dit de l'élection présidentielle américaine du 4 novembre dernier, puisqu'elle intervenait dans une période de crises multiples et d'une dégradation de l'image des Etats-Unis à l'étranger. Et celui qui allait en être le vainqueur, on le savait déjà, n'aurait pas la tâche facile. C'est Barack Obama, jeune sénateur noir de l'Illinois, qui a remporté haut la main cette élection, et on disait déjà à son sujet que l'Amérique allait solder son compte avec son histoire. Mais n'y avait-il que cela ? Très certainement pas, puisqu'une fois élu et avant même de franchir le seuil de la Maison-Blanche, le 20 janvier dernier, Barack Obama a fait quelques apparitions publiques, avec des interviews comme celle du vendredi qui a suivi son élection, pour justement commenter les chiffres du chômage pour le mois d'octobre, qui venaient d'être rendus publics. Une catastrophe, à vrai dire, avec des pertes d'emplois s'élevant à des centaines de milliers. Une mise en bouche, mais quelle mise en bouche ! Elle est de celle qui laisse perplexe et contraint à la thérapie de choc à supposer qu'elle existe. Obama savait tout cela et le 20 janvier, soit au moment de sa prestation de serment, il savait que sa période de grâce allait être de courte durée. Cent jours, et pas un de plus. Durant ces trois derniers mois, il a beaucoup travaillé selon ce que les Américains retiennent de lui, en attendant bien entendu la conclusion ou encore le bénéfice de ce labeur, car Obama s'est beaucoup dépensé, et a beaucoup voyagé. Ce qui est extrêmement rare pour un président américain. Surtout, retiendra-t-on, tout cela au début de son mandat, même au plan international, crédibilisant son discours, et on le voit à propos du conflit du Proche-Orient. Et les Américains, au moins eux, le lui rendent bien, eux qui se débattent toujours dans la récession la plus grave depuis les années 1930. Pas moins de 73% des Américains, dont 46% de républicains ont un avis favorable de leur président, selon un sondage du Pew Research Center, publié à l'approche du cap symbolique des 100 premiers jours. Le score du président concernant son travail a même connu une légère hausse en avril à 63% contre 59% en mars. Au même stade en 2001, son prédécesseur, George W. Bush, était crédité de 56%. Bill Clinton avait également obtenu 56% en 1993. Outre ses bonnes notes, M. Obama conserve des troupes de militants prêts à se mobiliser à la moindre occasion. Les volontaires démocrates d'Organizing For America (OFA) ont ainsi rassemblé, début avril, 642 000 déclarations de soutien au budget du président. Avec un déficit budgétaire record estimé à 1845 milliards de dollars (13,1% du PIB) pour 2008-2009, un budget 2010, astronomique, de 3600 milliards et un plan de relance massif de 787 milliards, les Américains pourraient montrer des signes d'impatience. Mais la cote du président ne fléchit pas, les Américains restant apparemment convaincus qu'il n'a fait qu'hériter de la situation économique présente. Le Congrès ne peut pas en dire autant, avec 34,3% d'opinions favorables contre 59% d'opinions défavorables, début avril, selon le site realclearpolitics qui établit des moyennes de plusieurs sondages. Le vote des milliards du plan de relance, pourtant réclamé par M. Obama, explique en partie les opinions défavorables des contribuables. Qu'importe, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a défendu cette semaine son premier bilan et renouvelé son soutien à M. Obama : « Je suis très fière des réalisations qui ont été faites. », a-t-elle déclaré. « La lune de miel ne continuera certainement pas jusqu'en 2010 (date des élections législatives de mi-mandat, ndlr), mais les démocrates ne peuvent pas perdre le contrôle (du Congrès). Ils devraient même gagner des sièges au Sénat, qu'Obama soit à 60% ou 40% d'opinions favorables. », analyse Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l'université de Virginie. De quoi aggraver la perte d'influence des Républicains, persuadés que Obama n'est pas seul, et que par conséquent, ils risquent d'être effacés des institutions, c'est-à-dire, mis en minorité par les démocrates. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, il leur est conseillé de faire comme les démocrates, s'ils veulent remonter la pente empruntée, il est vrai, durant les deux mandats de George W. Bush. De ce côté, l'avis des Américains est sans appel, la cote de confiance de M. Obama concernant sa gestion de l'économie (58%), représente plus du double de celle des républicains du Congrès (24%). Suffisamment fort pour déjuger les républicains qui déclarent avoir de meilleures solutions. Ah cette crise, devraient-ils se dire, elle ne leur laisse plus le moindre espace pour se faire entendre. Tout en prenant de l'avance sur ses adversaires républicains, il n'a pas hésité à ouvrir, dès le début de son mandat, les grands dossiers internationaux. Comme au sujet du conflit du Proche-Orient auquel il n'a pas hésité à porter la contradiction aux nouveaux dirigeants israéliens. Ces derniers ainsi que les leaders palestiniens seront ses prochains invités à la fin du mois de mai. Le monde attend ce rendez-vous. On verra plus tard.