Nul doute que cette fois personne ne se permettra de faire de l'esprit comme en ce qui concerne le rapporteur de l'ONU, l'Américain Richard Falk, présenté comme ce fameux limier. Cette fois, c'est bien le secrétaire général de l'ONU qui monte au créneau pour évoquer noir sur blanc les crimes israéliens de janvier dernier contre le territoire palestinien de Ghaza, et également contre les bâtiments de cette organisation et autres institutions humanitaires, pourtant dûment répertoriés et identifiés en commun avec l'occupant israélien. Dans sa folie meurtrière, celui-ci n'en a pas tenu compte, rappelant en tout point son bombardement d'un baraquement de la Finul (Force intérimaire de l'ONU au Liban) en juillet 1996 faisant cent tués, tous des civils libanais qui fuyaient les bombardements israéliens. Le secrétaire général de l'époque, Boutros Ghali, avait résisté à toutes les pressions israéliennes même s'il était assuré que sa carrière à la tête de cette institution prendrait automatiquement fin. Boutros Ghali n'a pas cherché un deuxième mandat, mais cette action l'avait honoré. Qu'en sera-t-il cette fois de Ban Ki-moon qui, à vrai dire, ne fait que compulser les rapports sectoriels ou encore partiels, mais tous recueillis de première main ? Peu avant la publication de ce rapport, il faisait face à une campagne israélienne d'une rare violence. Israël voulait au moins une certaine symétrie en mettant en cause le mouvement palestinien Hamas, ce qui aurait conséquemment accrédité la thèse chère à certains, du droit d'Israël à la légitime défense. Ce qui, tout simplement, est insensé car il y a occupation, et avec beaucoup de complaisance, les spécialistes mettront en cause la nature et l'ampleur de l'agression israélienne, c'est-à-dire une guerre conventionnelle, ce que l'ONU, rappelle-t-on, avait récusé à l'avance. Ce sont donc là autant de préalables dont Israël a obstinément refusé de tenir compte. Et comme l'indiquait hier un quotidien israélien, Israël tente d'atténuer les conclusions du rapport en question. Selon le journal, le rapport préparé par une commission d'enquête de l'ONU et remis à M. Ban, en vue de sa publication, rend Israël responsable d'« une série de graves violations » et l'accuse d'avoir « délibérément visé des employés civils et des institutions de l'ONU » lors de la guerre de Ghaza du 27 décembre au 18 janvier. « Le rapport a été déposé sur le bureau du secrétaire général de l'ONU et il est susceptible de provoquer un tremblement de terre diplomatique », a affirmé le journal. Selon lui, les autorités israéliennes « exercent de lourdes pressions sur le secrétaire général de l'ONU pour retarder la publication du rapport ou au moins alléger les graves accusations qu'il contient ». Le quartier général de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) et plusieurs de ses écoles avaient été endommagés dans des attaques israéliennes lors de l'offensive qui a fait plus de 1400 morts palestiniens. « Ce rapport est d'une gravité sans précédent envers Israël qui devra panser ses plaies durant des années si ses conclusions sont acceptées telles quelles », a affirmé au journal un membre de la délégation américaine à l'ONU. La commission de l'ONU, qui a rédigé le rapport, est dirigée par le Britannique Ian Martin et composée également de l'Américain Larry Johnson, du Sri Lankais Sinha Basnayake et du Suisse Patrick Eichenberger ainsi que d'un membre du secrétariat de l'ONU, dont le nom n'a pas été divulgué. En fait, un simple état des lieux, et rien d'autre. Ce rapport contient des lacunes au sujet de l'armement utilisé par l'armée israélienne, comme les bombes au phosphore et autres armes interdites par les conventions internationales.