Voilà donc un juif accusé d'antisémitisme pour avoir tout simplement dit ce qui lui semblait être la vérité. Et encore, cette vérité est une conclusion qui n'est pas la sienne, mais celle de la mission d'enquête qu'il avait présidée. Il s'agit du magistrat sud-africain Richard Goldstone, qui vient de dire au monde entier ce que l'on sait déjà, et qui avait été rapporté dès les premiers mois de cette année par des sources indépendantes. Et c'est Israël qui entend s'opposer à cette vérité et qui affirme : « Nous mobiliserons nos amis à l'ONU, notamment les Etats-Unis et divers pays européens, pour que ce rapport soit purement et simplement enterré. » Ces pays ainsi cités iront-ils dans cette voie, alors que la mission en question avait été décidée par l'ONU, ce qui veut dire que l'organisation internationale aurait pu en être dissuadée, sinon étouffer ses conclusions ? Mais visiblement, l'ONU n'a fait que prendre le train en marche, précédée en cela par les rapports tout aussi accablants de différentes ONG, y compris israéliennes. Cette fois, il s'agit d'un document de 574 pages qui accuse l'armée israélienne « d'actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité ». Et encore, ce rapport complète celui établi, juste après l'agression israélienne, par le rapporteur des droits de l'homme de l'ONU, l'Américain Richard Falk, froidement accueilli, sinon objet de tous les sarcasmes et même de dérision en raison de son nom, le même que celui d'un acteur bien connu. Entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier dernier, la bande de Ghaza était soumise à un déluge de feu, faisant plus de 1400 victimes palestiniennes, l'essentiel d'entre elles, selon une organisation israélienne, étant des femmes et des enfants. Des armes prohibées ont été utilisées et des zones d'habitation ont été les cibles de bombardements. Même des bâtiments de l'ONU clairement identifiés n'ont pas échappé à la folie destructrice. Quant à ce qui tient lieu d'économie, il n'en reste plus grand-chose. L'arme alimentaire, c'est ce qu'avait dénoncé, dans un précédent rapport, un autre envoyé spécial de l'ONU, l'universitaire suisse Jean Ziegler. Plus que cela, quelques mois avant de quitter son poste, l'ancien secrétaire général de l'ONU avait mis en garde contre ce qu'on appelle une guerre conventionnelle pour la simple raison que les résistants palestiniens ne disposent pas d'une armée classique et utilisent donc des moyens rudimentaires, en tout état de cause sans commune mesure avec ceux de l'occupant. Quant à l'agitation israélienne, elle s'explique surtout par le fait que la mission recommande au Conseil des droits de l'homme de demander au secrétaire général de l'ONU de transmettre le rapport au Conseil de sécurité. M. Goldstone a suggéré que les accusations contenues dans le rapport soient communiquées à la Cour pénale internationale (CPI). Justice serait rendue aux victimes de la barbarie, compensant le recul de pays qui se prévalaient de la compétence universelle. Tant qu'il ne s'agissait pas d'Israéliens. Et dire que ces pays ont changé leur propre loi juste pour ne pas juger les chefs israéliens. Jusqu'où ira l'ONU ?