Depuis le déclenchement des hostilités, il y a plus d'une année, une véritable opération de déportation de familles a eu lieu à Berriane. « Pas moins de 500 maisons ont été vidées de leurs locataires. Le wali a promis de reloger tout le monde et de les indemniser à raison de 1 million de dinars, mais on n'a rien vu venir, explique Taleb Bahmed, du comité de la Djamaâ mozabite. Ce dernier indique aussi qu'une demande a été faite aussi depuis plus de six mois pour le désarmement des citoyens jusqu'à ce que la paix s'installe durablement. Cette requête est elle aussi restée lettre morte. Même après qu'un jeune adolescent s'est fait tirer dessus par les émeutiers lors des dernières escarmouches entre les deux communautés. Une enquête sera ouverte par la police scientifique, a promis le DG de la Sûreté nationale lors de sa dernière visite avec le ministre délégué aux Collectivités locales. Notre interlocuteur s'interroge aussi sur l'installation dans le tissu urbain de Berriane d'une caserne de la sûreté. Interrogé sur une éventuelle séparation entre les communautés pour apaiser les tensions, M. Taleb explique qu'il est contre une séparation complète avec les Arabes et indique que « ce qui se passe à Berriane peut se produire dans n'importe quelle autre région du pays. Berriane paie son ouverture sur la politique ». A noter qu'outre son caractère ouvert sur le plan social, Berriane est aussi une région qui a connu la diversité des courants politiques. Le remplacement illégal du maire RCD, l'année dernière, n'est d'ailleurs pas à mettre à l'écart des événements de Berriane. Selon la lettre du bureau du RCD à Ghardaïa, la situation à Berriane profite à deux catégories « d'abords à ceux qui se sont opposés à l'élection d'un maire RCD d'une façon démocratique et ils ont bien tiré les dividendes en organisant leur putsch et à ceux qui ont acheté des maisons au tiers, voire au quart de leur prix et tous ceux qui ont vendu leurs maisons ou leurs lots de terrain à quatre ou cinq fois leurs prix d'avant les événements, et ils sont des centaines ». Youcef Haouen, du comité de la Djamaâ, estime pour sa part que les habitants de Berriane ont voté massivement lors de l'élection présidentielle pour gagner la paix. « Nous voulons éviter la ‘'darfourisation'' de l'Algérie », dit-il.