Armés de kalachnikovs et portant kamis, les terroristes ont laissé circuler les quelques voitures empruntant ces routes retirées et ont barré la voie aux camions chargés de produits alimentaires destinés aux unités de l'ANP. A Mazer, le faux barrage s'est soldé par la destruction d'un camion frigorifique, le chauffeur ayant été relâché. A Aghribs, par contre, l'équipée terroriste a été sanglante. Un militaire qui accompagnait le conducteur a été assassiné à l'arme blanche à même la chaussée. Une flaque de sang était encore apparente deux heures après l'attentat. D'importants renforts militaires étaient dépêchés sur les lieux et des éléments de l'ANP avaient pris position dans le bois avoisinant sur un large périmètre. Précipité contre un poteau électrique, sans doute pour causer d'importants dégâts dans le voisinage, le camion chargé de ravitaillement a été incendié par les terroristes. Des véhicules blindés de l'armée étaient stationnés autour du camion calciné, tandis qu'un homme à la mine ravagée, sans doute le chauffeur sorti indemne de l'attentat, donnait encore des explications à des officiers de l'ANP. Un coup durement ressenti par les militaires suite à cette attaque qui a eu lieu dans un endroit pas totalement désert, sur le CW7, à moins de 4 km au nord du chef-lieu de la commune d'Aghribs. Une défiance des terroristes qui ont déjà frappé sur ce chemin d'apparence tranquille qui mène au village de Taboudoucht. Un cantonnement militaire a été installé à quelques kilomètres plus au nord, à la lisière d'un maquis qui s'est avéré être, depuis un an, un fief du GSPC. Sur ce même chemin, le maire d'Aghribs avait échappé à un attentat à la bombe, à la fin du mois de janvier 2008. Le véhicule du P/APC et de son adjoint avait été atteint par les débris projetés par l'explosion, mais sans causer de blessures aux élus locaux. Au début du mois de mai, trois bombes avaient été désamorcées par les militaires près du chef-lieu d'Aghribs. Cette localité s'est retrouvée depuis de nombreux mois au centre d'une activité terroriste qui ne donne pas de signe d'essoufflement. La connexion entre les maquis de la région, Mizrana à l'ouest, et Zekri et Tamgout à l'est, complique la tâche des services de sécurité qui ont installé de nombreux postes avancés aux limites des massifs forestiers. Un ouvrage réalisé sur un chemin au nord du village Taboudoucht avait été détruit à l'explosif une dizaine de jours avant l'attentat manqué contre les élus locaux d'Aghribs. La destruction du pont était vraisemblablement destinée à réduire le mouvement des services de sécurité. A Tigzirt, où a eu lieu la deuxième attaque d'hier, de nombreux attentats avaient été perpétrés depuis le début de l'année. Le 5 avril, un policier avait été assassiné à 6h du matin, à bout portant, dans un faux barrage dressé sur la route reliant Tigzirt à Tizi Ouzou. Quelques jours auparavant, un militaire avait péri dans un attentat à la bombe contre un convoi de l'ANP, à Tala Mimoune, près de Mazer. Les services de sécurité subissent à intervalles réguliers les attaques meurtrières des terroristes qui ont mis en place une redoutable logistique de renseignement et de financement.