Entre Alger et Paris, les choses ne sont jamais simples, tout est sujet à d'âpres négociations, et ce ne sont pas les dossiers qui manquent. Il y a d'abord ceux qui fâchent : l'histoire et la mémoire bien sûr, le traité d'amitié jamais signé, la position pro-marocaine de la France sur la question du Sahara occidental et plus récemment le projet d'union pour la Méditerranée. Certes, on se critique, beaucoup, quelquefois sévèrement, mais on arrive toujours, finalement, à trouver, sinon un accord, du moins un modus vivendi. Car derrière les échanges à forte empreinte médiatique et politique, les dossiers concrets en prise directe avec la réalité quotidienne n'attendent pas. La France reste le premier fournisseur de l'Algérie et son deuxième client. Quand l'Algérie attend, sur le plan économique, une plus grande implication des entreprises françaises, notamment par le biais d'investissements directs, et moins de frilosité dans le transfert de technologies et de savoir-faire, la France, en retour, souhaite une plus grande sécurité de ses approvisionnements énergétiques. Lorsqu'Alger demande plus de facilités pour la circulation des Algériens, Paris ne désespère pas de trouver, enfin, en Algérie un débouché supplémentaire à son industrie d'armement. Il en est ainsi des autres sujets : immigration régulière ou clandestine, terrorisme, nucléaire civil, etc. Aussi, la signature annoncée pour aujourd'hui d'un protocole de coopération militaire entre les deux pays, inédit depuis l'indépendance, et d'un accord sur le nucléaire civil confirment ce marchandage permanent. Elle explique les incessants voyages de délégations ministérielles depuis la visite de Sarkozy en décembre. Au bout du compte et à contre-courant des discours, l'Algérie aura choisi le français Areva pour la construction de centrale nucléaire plutôt que les Américains. Idem pour le projet de l'union pour la Méditerranée. Ce n'est donc pas un hasard si l'Algérie est le seul pays à ne pas avoir encore annoncé sa décision sur la présence du chef de l'Etat au sommet de Paris, ni sa position définitive sur l'UPM. Du roi du Maroc, au leader libyen et jusqu'au président syrien Bachar Al Assad, Alger aura attendu que tous les chefs d'Etat concernés se prononcent. Après avoir estimé que le projet était confus et qu'il nécessitait des éclaircissements, la diplomatie algérienne a dans un deuxième temps mis en avant le rôle présumé d'Israël pour justifier sa position de réserve. Aujourd'hui, tous les signaux indiquent que le président de la République sera bien présent au sommet de l'UPM, le 13 juillet. Reste à savoir ce qu'aura obtenu Bouteflika pour accepter de faire le voyage de Paris.