Les chutes de neige exceptionnelles de ces derniers jours ont fait grimper le prix des fruits et légumes, dix jours après l'Aïd El Adha, qui avait déjà sérieusement entamé le porte-monnaie des Algériens. Fermeture Eclair du coupe-vent remontée et capuche sur la tête pour se protéger de la pluie, deux jeunes hommes ont installé leur étal de fortune au rond-point, près de la gare Aïssat Idir, à Alger, pour vendre des oranges. Prix : 70 et 80 DA. Rien ne laisse transparaître une inflation du coût de l'agrume. Un peu plus haut, un marchand a garé sa 404 bâchée dans un quartier calme, derrière l'hôpital Mustapha Pacha, entre les rues Hassiba Ben Bouali et Didouche Mourad. Confortablement assis entre ses primeurs, il annonce le même prix pour les oranges, mais ceux de la tomate, de la carotte et de la pomme de terre ont augmenté de 10 à 20 DA. Au marché Clauzel, rien à espérer. Un détaillant affiche le kilo de carottes à 70 DA, le poivron entre 140 et 170 DA et la pomme de terre à 40 DA. « Certains produits hors saison, comme les courgettes et les poivrons, sont normalement chers. En ce qui concerne la pomme de terre ou les carottes, les routes bloquées ont ralenti notre approvisionnement depuis la région de Chlef. D'autant plus qu'avec ce temps les fellahs ne sont pas sortis au champ. Les prix sont à peu près les mêmes sur tout le marché », explique le vendeur. Avant de poursuivre : « Au marché de Bab Ezzouar, censé être l'un des moins chers de la capitale, les carottes atteignaient ce matin 80 DA et les navets 120 DA. » Des arguments qui ne convainquent pas Djamel. « C'est toujours la même histoire. A la moindre chute de pluie, les marchands en profitent pour augmenter exagérément leurs prix. Comme pour mieux montrer que les intempéries sont bien à l'origine du problème, ils vendent la pomme de terre pleine de boue, ce qui la rend encore plus lourde et donc plus coûteuse », se plaint le jeune homme, originaire de Gué de Constantine. Le marchand vend ses oranges 100 DA le kilo, alors que son voisin les a cédées à 70 DA et 80 DA. « C'est une question de qualité », explique-t-il en désignant la marchandise voisine de la main. Tout en précisant que le coût est resté raisonnable en raison de la proximité de la région de production. Au marché Meissonnier, la petite pomme « algérienne », en provenance de Médéa, se vendait samedi matin à 65 DA le kilo contre 160 DA pour son opulente concurrente importée. C'est dans une intersection de ce quartier, non loin du marché Ali Mellah, qu'un jeune vendeur de pomme de terre à la criée a garé sa fourgonnette. Il tente de rincer le seau sali par la boue dans lequel il vend ses légumes à 25 DA. Et il assure ne pas avoir eu de problèmes pour se rendre dans la capitale depuis Aïn Defla. Toutes les régions touchées par les intempéries ont connu ces derniers jours une augmentation des prix des primeurs, selon les correspondants locaux d'El Watan. C'est le cas dans la wilaya de Tizi Ouzou, l'une des plus touchées par les chutes de neige. A Tizi Ouzou-ville, les fruits et légumes ont augmenté de 10 à 20 DA. Le marché de gros n'était toujours pas très fourni samedi matin, et seuls les premiers arrivés ont été servis. Les communes, dont l'accès n'a pas été dégagé, sont restées sans fruit ni légume. Constantine n'a pas été approvisionnée depuis mardi par le marché de gros, situé à Chelghoum Laïd, à 50 km de la ville, dans la wilaya de Mila. Du coup, les marchands qui ont encore quelques produits en stock les vendent entre 50 et 70% plus cher. La hausse étant surtout significative pour les légumes. Dans la wilaya de Sétif, l'inflation a été vertigineuse, notamment au nord - Beni Ouartilane, Guenzet, Beni Maoklan... - plus touché par les intempéries. Dans les marchés populaires de Sétif-ville, la pomme de terre se vendait samedi matin à 40 DA le kilo et la mandarine à... 140 DA. Certains marchands de fruits et légumes ont même dû fermer boutique en raison de la pénurie qui sévit actuellement.