« Depuis le début de l'année 2009, nous avons enregistré le décès de 4 personnes de notre village en cours de route, au moment de leur transfert vers la polyclinique de Djemaâ Saharidj, qui se trouve à plus d'une dizaine de kilomètres de notre village ». Ce sont les termes d'une lettre adressée récemment aux autorités de wilaya par le comité du village Aït Zellal, dans la commune de Souama, à une trentaine de kilomètres au sud d'Azazga. Dans cette correspondance, également transmise à notre bureau, les villageois d'Aït Zellal renouvellent leur demande « pour la réalisation d'un établissement de santé publique doté d'un service des urgences et d'une maternité ». Pour cela, ils s'engagent « à mettre à la disposition des autorités une assiette de terrain ». En décembre 2008, c'est l'APC qui a transmis un courrier au directeur de la Santé de Tizi Ouzou. « Nous faisons appel à votre esprit de responsabilité pour soulager notre population et équiper la structure de santé du chef-lieu de la commune, qui fonctionne actuellement comme une simple salle de soins, en lui permettant d'assurer réellement sa mission de polyclinique en la dotant d'un pavillon des urgences », écrivait le P/APC de Souamaâ. Les autorités ne semblent pas avoir entendu le cri de détresse des 10 000 habitants de cette commune dépendant de la daïra de Mekla. Et l'on meurt encore sur les routes, pendant les évacuations faites par les particuliers. Un homme d'une cinquantaine d'années est mort il y a une vingtaine de jours à mi-chemin entre Aït Zellal et Mekla. Une ambulance médicalisée, opérationnelle de jour comme de nuit sauverait sans doute des vies humaines. Les citoyens, dans les cas d'urgence, font comme si l'ambulance affectée au centre de santé du chef-lieu n'existait pas. « Elle est partagée entre plusieurs centres de santé, et elle est immobilisée à partir de 16 h », nous dit un citoyen de la localité. Les accouchements en cours de route ne sont pas rares dans ces localités oubliées des pouvoirs publics. « Nous enregistrons deux ou trois naissances par an, en raison de l'absence d'une maternité dans la commune. Cela fausse nos projections en matière d'inscription de nouvelles infrastructures scolaires ou de programmes de développement », nous dit le P/APC. Il essaie devant nous de joindre au téléphone le médecin du centre de santé, sans succès. Dans le bureau du maire, le portrait d'un ancien P/APC de la même commune est accroché au mur. Il est mort en janvier 2008 à l'âge de 55 ans d'un arrêt cardiaque sur la route d'Azazga. Nous nous rendons au centre de santé du chef-lieu. Les vitres cassées donnent l'impression d'un bâtiment abandonné. Un homme accourt de l'atelier d'un artisan, à quelques mètres de l'établissement de santé. C'est l'infirmier, même s'il ne porte pas de blouse. Il est 16h. « Je suis là jusqu'à 18 heures », dit-il. Une ambulance est garée à l'entrée. « Le chauffeur finit à 16h », souligne-t-il. « Il habite à Mekla, il ne peut pas revenir. Il a fini sa journée », répond encore l'infirmier qui ne connaît pas, du reste, le numéro de téléphone du chauffeur. Le médecin aussi termine à 16 heures, selon l'infirmier, mais le P/APC n'avait pas pu le joindre une heure auparavant. Dans le registre tenu par l'infirmier dans son bureau, on aperçoit les noms de trois malades passés au cours de la journée pour des injections. La journée précédente, cinq malades avaient été reçus. Le centre de santé ne croule pas sous le travail, et les autorités n'ont pas pensé bitumer un bout de piste défoncée qui mène à ce centre, épreuve injuste infligée à un éventuel traumatisé ou une parturiente. L'eau coule dans le robinet, mais elle vient d'une citerne. Le réseau AEP n'assure l'eau qu'un jour sur quatre. La chaufferie est à l'arrêt. Elle a fonctionné quelques années après l'inauguration du centre de santé il y a une dizaine d'années.Nous n'avons pas eu accès au premier étage, mais il doit être dans l'état de vacance décrit par les élus locaux.