Deux artistes animés par une même flamme, la perpétuation de la musique traditionnelle de leurs ancêtres siciliens en particulier, et méditerranéens en général. Tous les deux veulent inscrire cette musique dans la modernité, la laisser ardente et éviter son anéantissement. El funduq appartient à une tradition ancienne qui date du temps des grecs. A l'origine, son appellation était «pandocheion», ou la maison qui accueille tout le monde. C'est à l'époque phénicienne que ce mot s'est transformé du grec vers l'arabe pour devenir El Funduq. Cette auberge pour voyageurs et marchands, existait dans chaque coin des rives méditerranéennes. Chaque corps de métier avait son funduk ; d'ailleurs c'est pour cela que l'on retrouve ce mot sous diverses formes : fondaco en italien, alhondigo en espagnol. Ce sont des institutions à l'architecture particulière avec une porte cochère, une cour intérieure et tout autour des magasins. «Je suis fils de chartrier et en Sicile jusqu'à il ya 30 ans, les fondouks étaient des lieux d'accueil pour les chartriers qui organisaient, dans ces lieux, des concours de poésie chantée», raconte Vaiana en ajoutant : «A Constantine et jusque dans les années 1970, les funduq étaient des lieux où se transmettait le malouf, c'étaient les conservatoires de l'époque». Le groupe El funduq veut ouvrir les portes sur un héritage culturel méditerranéen et perpétuer la tradition d'accueil et d'échanges. Mais cette fois-ci on ne va plus au funduq, c'est lui qui vient à nous et arbore avec lui toutes les cultures du sud à savoir, italiennes, tunisiennes,algériennes. C'est la rencontre de plusieurs formations, plusieurs chants chauds et intenses qui ont bercé l'enfance de plusieurs d'entre nous. «Nous gens du sud». Ce projet fait résonner les voix des montagnes, les voix d'hommes et de femmes au timbre puissant. Fermez les yeux, écoutez et c'est toute une identité qui retentit dans les têtes et dans les cœurs. El funduk est une maison nomade, une caravane qui traverse le monde afin de continuer à transmettre des légendes qui ne doivent pas se perdre. Pierre Vaiana, qui mène de nombreux projets en Afrique et partout autour de la méditerranée, nous confiera au sujet de la jeunesse constantinoise, qu'il a eu l'occasion de côtoyer lors des master classes organisées au conservatoire de Constantine : «Les jeunes ont envie d'apprendre, on doit mettre petit à petit des formations en collaboration avec les conservatoires. Il faut motiver les jeunes à étudier leur musique traditionnelle qui est exceptionnelle. Le festival est arrivé à maturité, il y a une vraie maîtrise du travail et il est d'un niveau international.»