La fille tombe enceinte, qui l'a poussée ? On attendait cette sortie d'un parti islamiste, c'est pourtant un député du FLN qui a demandé au ministre à vie de l'Education de supprimer la mixité dans les écoles. Vieux débat et archaïque slogan qui renseignent plus sur les frustrations en cours que sur les solutions théoriques à apporter à une société qui manque cruellement d'harmonie. Un séisme ? C'est à cause des jeans taille basse des femmes. La déperdition scolaire ? Les petites filles ne sont pas assez voilées et d'ailleurs elles devraient se marier au lieu d'aller à l'école. Mais au-delà de la longévité de l'actuel ministre et d'une certaine forme d'inertie le caractérisant, on doit reconnaître aux responsables successifs de l'éducation d'avoir conservé la mixité dans les écoles, ce qui n'était pas évident, vu la vague de conservatisme religieux qui s'est abattue sur le pays. Peut-on revenir en arrière et imaginer une école où les filles et les garçons seraient séparés ? Avec comme suite, puisque les élèves grandissent aussi, des universités non mixtes et entreprises où les travailleuses et les travailleurs sont séparés par des cloisons étanches ? Une assemblée où les députés, femmes et hommes, sont séparés par un mur opaque et votent oui chacun de leur côté ? Un gouvernement où la mixité ne serait pas assurée, Khalida Toumi dans un coin, entourée d'un mur et possédant une petite fenêtre pour pouvoir parler à Zerhouni ? Difficile mais possible, l'absurde n'ayant pas de limites particulières. Résumons, le gouvernement, mixte, a présenté son plan d'action à l'Assemblée, mixte, et un député homme, oubliant le chômage, la cherté de la vie, la dévaluation du dinar et l'exode massive, n'a trouvé comme solution que de demander à supprimer la mixité dans les écoles. Restons compréhensifs, il doit certainement avoir peur pour les filles du pays. Nous aussi.