L'opération Eboueurs 2009, lancée jeudi dernier, a vu nombre de plages du littoral est et ouest de la wilaya d'Alger faire l'objet de nettoiement. Comme à l'orée de chaque saison estivale, on donne un coup de balai à certains sites balnéaires pour accueillir le visiteur dans des conditions clean. On mobilise des troupes, notamment des enfants qu'on fait participer à l'œuvre de propreté le long du littoral des quatorze communes de la wilaya d'Alger qui ont les pieds dans l'eau. On les sensibilise aussi pour maintenir propre l'environnement quasi absent du cursus scolaire et leur géographie de prédilection dans laquelle ils évoluent, l'espace de deux ou trois mois. De Tamentfoust à Zéralda, en passant par Bologhine, Hammamet et Raïs Hamidou, le long du littoral est bordé de plages dont le look est peu enviable, avec en prime une dysharmonie urbanistique qui, le moins qu'on puisse dire, donne le haut-le-cœur. Un décor repoussant, voire choquant parfois. Au point d'entendre certains spécialistes dire que notre littoral algérois est la seule côte qui tourne le dos à la mer dans le bassin méditerranéen. Même la ressource halieutique a préféré changer de camp. Elle boude nos chiches chalutiers et se laisse de moins en moins taquiner par le pêcheur à la ligne. « Kach mess ya Kho ? », lance un pêcheur à la ligne à son binôme qui a élu ses quartiers sur l'enrochement près du lieu-dit El Ayoun. « Wallah walou ya kho ! Depuis toute la soirée, à peine une kahla et une demoiselle qui ont mordu à l'hameçon », lui répond-il avec un grincement de dents. Ce n'est pas faux, tant nos calanques, criques, anses et plages sont envahies par endroits de gravats balancés par-dessus les rambardes et des monticules d'ordures en tous genres abandonnées par des camions dans des promontoires dominant la grande bleue. Celle-là même qu'on charge d'un recyclage permanent, non sans qu'elle nous « rebalance » les corps étrangers sur la grève, nous priant de les ramasser. Alors que les autorités mènent une opération dare-dare de démantèlement de paraboles et de « clim » des façades des immeubles donnant sur les grandes artères du littoral, des bicoques de fortune érigées sur des plages se font démolir. Leurs squatters crient au scandale et à la hogra. Pourquoi attendre tout ce temps-là pour passer à l'opération coup-de-poing ? Pourquoi faire montre de tant de laxisme avant d'agir ? Sincèrement, je me perds devant cette « khalouta » de « qui a tort, qui a raison ». Je n'arrive plus à démêler l'écheveau ni à séparer le bon grain de l'ivraie. *Y a-t-il une touche ?