Les citoyens d'Iflissen, dans la daïra de Tigzirt, à 50 kilomètres au nord de Tizi Ouzou, se sont mobilisés pour continuer les recherches afin de retrouver les deux autres harraga disparus en mer, après le naufrage de leur barque où se trouvaient 11 jeunes qui voulaient rejoindre l'Europe. A 7h, hier, des dizaines de personnes, dont des pécheurs de la région, sont sorties en mer pour y effectuer des recherches. Les disparus sont Cherif Medjiba, 24 ans, et un autre jeune de Boumerdès dont on ignore le nom. Il est à rappeler, en effet, que l'embarcation des harraga en question a chaviré une heure après leur départ, mercredi, à 1h, d'une crique non loin de la plage de Tamda Ouguemoun, dans la commune d'Iflissen. Les témoignages des habitants de la région, notamment ceux qui ont pu parler à l'un des rescapés, évacués à l'hôpital de Tigzirt, affirment tous que les victimes de cette malheureuse aventure sont parties à bord d'une ancienne embarcation. «Après avoir constaté l'infiltration de l'eau de mer, car la barque était trouée, ils ont décidé de rebrousser chemin et revenir au rivage. C'est durant leur retour que l'embarcation a chaviré», nous a raconté un citoyen, qui a ajouté que l'un des rescapés a été récupéré par des pécheurs au large de Sidi Khaled et les autres du côté d'Azeffoun. Il y a cinq rescapés, sauvés par des éléments de la marine nationale et des pécheurs. On parle d'un sixième qui a réussi à atteindre le rivage, à la nage. Trois décès ont été malheureusement enregistrés lors de ce drame, précise-t-on. La population des localités côtières de la wilaya de Tizi Ouzou est sous le choc suite au drame provoqué par cette tentative d'émigration clandestine. «Nos jeunes doivent être conscients des risques de ce genre d'aventure. C'est dangereux. J'espère que ce qui s'est passé dissuadera les autres qui veulent partir en harga», a déclaré un père de famille, qui affirme que plusieurs jeunes sont partis à partir de Tigzirt et Azeffoun, où des citoyens ont organisé, mercredi, un rassemblement devant l'APC pour exprimer leurs appréhensions quant à ce phénomène qui prend des proportions alarmantes. Le maire d'Azeffoun, Hacen Ouali, a précisé, lors d'une déclaration à la presse, qu'il y a sept jeunes qui sont partis récemment de sa commune à bord d'une barque, pour rejoindre l'autre côté de la Méditerranée. «Nous n'avons aucune nouvelle de ces sept jeunes partis d'Azeffoun. Nous avons alerté les services de la wilaya et les ministères concernés pour chercher à connaître le sort de ces jeunes», a-t-il précisé. Des citoyens nous ont confié également que des dizaines de tentatives d'émigration clandestine à partir de la côte de la wilaya de Tizi Ouzou, via la mer, ont avorté. Ils tirent ainsi la sonnette d'alarme tout en s'inquiétant du fait que le phénomène en question soit devenu l'une des grandes préoccupations de la population locale. «Maintenant, les parents sont vraiment dans l'inquiétude en raison de l'ampleur de la harga. Ils ont peur pour leurs enfants car, aujourd'hui, avec le manque de communication entre les membres d'une même famille, cela peut s'avérer un véritable danger», nous explique un autre père de famille. Et de préciser que les mauvaises conditions sociales poussent les jeunes à aller chercher le confort sous d'autres cieux plus cléments. Notre interlocuteur ajoute que les localités côtières de Tizi Ouzou sont très pauvres. Il n'y a ni agriculture ni industrie pouvant résorber le taux de chômage galopant de la classe juvénile. «Notre région est délaissée par les pouvoirs publics. Il n'y a aucune usine, ni autre activité qui peuvent diminuer un peu le nombre des chômeurs», se désole-t-il tout en suggérant l'organisation de campagnes de sensibilisation contre la harga. Selon lui, il y a des personnes qui travaillent comme ouvriers manœuvres pendant plusieurs années juste pour avoir de quoi prendre le large, alors que souvent l'aventure est périlleuse.