Les déchets ferreux et non ferreux n'en finissent pas de défrayer la chronique. Le port de Ténès n'y échappe pas dans la mesure où cette infrastructure « tranquille », située à 200 km du port d'Alger, sert de lieu de transit à quatre exportateurs privés domiciliés à Alger et à Blida. La marchandise en provenance de la collecte effectuée un peu partout en Algérie est expédiée principalement vers la Turquie. Elle est définie comme étant des déchets de ferraille autorisés à l'exportation. Des camions découverts chargés de ces produits en vrac défilent régulièrement le long de la route nationale reliant Chlef à Ténès. La marchandise est déposée carrément à l'intérieur de l'enceinte portuaire, sur le quai de la partie sud, et sur le site même de la zone d'expansion touristique de Mainis, à l'ouest de Ténès. Ces espaces ont fini par devenir des lieux d'entreposage prolongé de ces déchets, appelés « tout-venant » par les services de la douane. Cela est non seulement incompatible avec la vocation des sites en question, mais en plus défigure amplement leur environnement, d'autant que l'un et l'autre se trouvent sur la façade maritime, dans des zones très fréquentées autant par les professionnels de la pêche que par les habitants et les visiteurs de passage dans cette région côtière. Dans le premier cas, l'aire de stockage a été aménagée sur le quai situé sur la partie réservée aux pêcheurs, alors que dans le second, c'est tout le terrain dégagé pour les projets touristiques situé non loin de la plage qui a été squatté et utilisé pour l'entreposage à ciel ouvert de la marchandise. Devant cette situation, la wilaya a décidé d'interdire l'entreposage des déchets de ferraille dans les endroits cités et a instruit la direction de l'entreprise portuaire et celle des transports à l'effet d'organiser l'activité et de dégager les zones d'entreposage adéquates dans le but de « mettre fin à ces dépotoirs à ciel ouvert, de prévenir les accidents dus à la manipulation et au transport de ces produits et de préserver l'environnement contre ce type d'agressions », nous ont fait savoir des sources de l'administration locale. La décision de la wilaya, selon le directeur des transports, ne concerne que les aspects relevant de l'autorité publique et dont l'intervention ne vise ni plus ni moins que la sécurité des personnes et des biens et la bonne marche des services stratégiques de l'Etat. Dans un communiqué transmis à notre bureau, le conseil syndical de l'Entreprise portuaire de Ténès (EPT) se dit « conscient de l'activité du port et de son rôle dans la vie de l'entreprise » et déclare « s'opposer avec vigueur à la mesure arbitraire interdisant l'entreposage au port de Ténès des déchets de ferraille destinés à l'exportation ». Pour sa part, le PDG de l'EPT, El Hamri Khaldi, relève que l'exportation des déchets de la ferraille représente 50 % du chiffre d'affaires de l'entreprise et contribue à rentabiliser le port ; « néanmoins, nous devons tenir compte aussi bien des exigences économiques et sociales que de la préservation de l'environnement immédiat et de la mission principale du port qui est avant tout un espace de transit commercial », indique-t-il. D'après lui, le développement d'autres créneaux est devenu plus que nécessaire pour permettre à cette infrastructure de se hisser au diapason des autres ports du pays. « Nous comptons pour cela sur le concours des pouvoirs publics », dira-t-il. On apprendra à ce propos qu'une séance de travail a réuni récemment le wali de Chlef, le directeur général de l'Entreprise portuaire de Ténès et le directeur des transports de la wilaya. L'ordre du jour consistait à trouver les voies et moyens nécessaires pour remédier au problème. Parmi les solutions retenues, l'on citera l'aménagement sur les terre-pleins d'espaces de stockage pour chacun des exportateurs et la réduction du délai de séjour de la marchandise qui a été fixé à 12 jours avant son embarquement à destination du pays importateur. L'entreprise portuaire a été également sollicitée pour contribuer au dégagement de la zone de Mainis utilisée comme lieu de stockage extraportuaire. De l'avis du directeur des transports, ces mesures permettront de remettre de l'ordre dans cette activité et d'éliminer les points noirs que représente le stockage de ces déchets de ferraille dans des espaces protégés et destinés à des usages bien définis. Le contrôle douanier se fait manuellement sur le quai où sont étalés les déchets de feraille destinés à l'exportation. Les douaniers en charge de l'opération procèdent à une vérification de la marchandise sur la base d'un constat et d'un dossier comprenant, selon une source concernée, la déclaration de l'exportateur, son registre du commerce et les documents prouvant l'origine et la provenance des produits. Notre source insiste sur le fait que contrairement au port d'Alger, l'infrastructure de Ténès ne traite pas les containers de « déchets ferreux et non ferreux sensibles ».