Le rapport de la commission de validation des mandats, rendu public hier par son président Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture, en dit long sur la défaillance organisationnelle ayant entaché le déroulement du 8e congrès bis du FLN ouvert depuis dimanche dernier. Après de longues heures durant lesquelles les membres de cette commission se sont échinés, le soir de l'ouverture des travaux, à examiner les listes en interrogeant les mouhafadhs, il s'est avéré qu'il y avait 368 « indus délégués » parmi les congressistes. Les chiffres donnés par M. Barkat ont été corroborés par le porte-parole du congrès, Boualem Bessayah, dans une conférence de presse tenue dans l'après-midi d'hier au centre de presse du complexe du 5 Juillet. Les organisateurs ont pris la mesure de la chose et décidé de procéder au retrait des badges à ces faux congressistes. Mais le problème reste toujours posé. Pour cause, le nombre des congressistes, qui était, le jour de l'ouverture du congrès, de 2700 membres, selon M. Belkhadem, a été revu à la hausse : 3310 délégués. Mais la commission de M. Barkat n'a validé que 2962 mandats. Entre le chiffre de M. Belkhadem et celui de cette commission confirmé par M. Bessayah, il y avait 262 délégués de plus. « Gonflement » de listes ? « Certainement », pérore-t-on dans l'immense salle omnisports du complexe 5 Juillet. Mais M. Bessayah a invoqué d'autres raisons. L'invalidation de leurs mandats s'est faite sur la base des conditions fixées pour la participation au congrès. « Au départ, nous avons voulu, dans un esprit de réconciliation, satisfaire tout le monde et n'exclure personne. Mais après étude, la commission de validation avait constaté certains écarts par rapport aux conditions de participation », a-t-il souligné. Selon lui, ces délégués ont été mis à la porte pour différentes raisons. Certains pour leur appartenance à d'autres formations et ayant eu des antécédents judiciaires. Il y avait également ceux qui ne remplissaient pas les conditions de participation : plus de cinq ans de militantisme au FLN. M. Bessayah a parlé également de ceux qui ont participé à des élections sur d'autres listes que celles du parti. Mais qui leur avait donné les badges ? M. Bessayah a éludé la question. Quant à d'éventuelles poursuites contre eux, puisqu'il s'agit de faux et usage de faux, le porte-parole du congrès les a complètement écartées. « Nous n'allons pas tout de même les condamner pour cela. Car il est le résultat d'un engouement pour ce parti. Signe de sa bonne santé », a-t-il indiqué. Quelques-uns ont dit qu'il y a près de 100 militants du RND qui auraient pris part au congrès. Cependant, les travaux ont suivi leur cours normal durant la journée d'hier marquée par le débat ouvert à plus de 70 intervenants représentant les différentes sensibilités de cet ex-parti unique. Boualem Benhamouda, ancien secrétaire général du parti, a mis l'accent, dans son intervention, sur « la nécessité de resserrer les rangs » en laissant de côté « les reproches réciproques ». « Il faut que nous nous concentrions sur l'unification de nos rangs afin de permettre à notre parti de revenir à une vie organique et politique normale en tant que facteur de stabilité institutionnelle », a-t-il clamé. Dans la foulée, M. Benhamouda a appelé pour qu'on bannisse deux sortes de mentalités au FLN. A savoir « celle de certains responsables qui s'arrêtent de militer dans les rangs du parti dès qu'ils ne sont plus responsables et celle d'autres qui se méfient de tous ceux qui ont exercé une responsabilité politique et administrative ». Par ailleurs, il a critiqué la nouvelle instance présidentielle créée « spécialement » pour le président Bouteflika en considérant que le président de la République est « au-dessus des partis politiques et il a été élu sur la base d'un programme visant tous les Algériens indépendamment des partis auxquels ils adhèrent ». Ainsi, il a interpellé la commission des statuts. A ce propos, il est à souligner que le poste de président, qui a été créé, est toujours maintenu. Selon M. Bessayah, cette nouvelle instance est née de la volonté insistante des militants de la base de donner au président Bouteflika la présidence du parti. « Le Président est à Abuja. Nous ne lui avons pas encore transmis l'offre et nous ne savons pas ce qu'il en pense », a-t-il précisé, confirmant qu'il s'agit bien d'une présidence au sens propre du mot. Le poste de président restera vacant au cas où le premier magistrat du pays le refuserait, a affirmé M. Bessayah. Car, selon lui, le poste a été créé pour être occupé par le Président et non quelqu'un d'autre. Message reçu : mettre à 100% le FLN au service du président de la République et du système de manière générale. En tout cas, le climat et les bavardages ajoutés au discours prononcé par M. Belkhadem n'ont pas laissé le moindre doute. Le fondement du programme de ce parti est la réconciliation nationale et l'amnistie générale. Deux priorités affichées clairement dans le programme du Président. Les travaux du congrès se sont poursuivis hier tard dans la soirée où on devait procéder à l'élection du conseil national, lequel procédera, selon le nouveau organigramme du parti, à l'élection des 105 membres du comité exécutif. Le secrétaire général sera connu dans les jours à venir. Il sera élu par le comité exécutif. M. Belkhadem est, selon M. Bessayah, le seul candidat potentiel pour ce poste.