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« Quand la peur facilite la gouvernance des peuples »
Sophie Body-Gendrot. Politologue et spécialiste du monde urbain
Publié dans El Watan le 05 - 06 - 2009

La peur a toujours accompagné l'histoire des villes. Mais les grandes mutations contemporaines ont renforcé ce sentiment. La politologue Sophie Body-Gendrot, directrice du Centre d'études urbaines à Paris-Sorbonne IV et présidente de la Société européenne de criminologie, auteure de La peur détruira-t-elle la ville, actu actu actu.
Les grandes mutations contemporaines ont renforcé le sentiment de peur dans les villes. Depuis le 11 septembre 2001, le principe de précaution s'est imposé dans la plupart des grandes métropoles. La peur facilite la gouvernance des peuples, mobilise les citoyens, légitime un séparatisme social spontané. Son instrumentalisation politique et médiatique est ciblée sur la ville, car celle-ci est la métaphore des tensions sociales. L'« insécurité » cache un refoulé de questions majeures pour les sociétés et pour les habitants des villes, en particulier. La peur résulte à la fois de clivages verticaux (dominants et dominés) et horizontaux à l'intérieur des groupes, dans une situation où les frontières ne sont jamais acquises. Les individus, n'étant plus sûrs de ce qu'ils sont, éprouvent le besoin de se différencier de tout ce qu'ils ne sont pas. On peut se demander ce qui est nouveau dans cette peur plus ou moins diffuse par rapport au passé. Par la déstabilisation qu'elles induisent, les grandes mutations nourrissent l'inquiétude. C'est le cas des évolutions démographiques : plus de la moitié de l'humanité vit dans des zones urbaines aujourd'hui.
Les mégapoles, en particulier celles du Sud, connaissent une explosion démographique. Il s'ensuit que, même si les migrations restent globalement faibles à l'échelle de la planète, elles menacent les arrangements historiques, les cadres, les normes des pays riches vers lesquels une partie des flux se porte. Le vieillissement des populations, en particulier en Europe, appelle pourtant à l'accueil de migrants. Mais dans les pays développés, la question de l'immigration se focalise sur deux points : l'intégration des deuxième et troisième générations, et des sans-papiers. Aux Etats-Unis, « nation des nations », le cas des Latinos témoigne de leur relative intégration socioéconomique et d'une « évidence culturelle latino ». Dans les villes européennes, celle des musulmans se révèle plus difficile. Les critères d'origine et de religion entrent fortement dans la définition des identités. Or, les difficultés constantes de transmission générationnelle provoquent, en France en particulier, l'idée d'une perte d'identité possible de la nation. Toutes ces mutations nourrissent une peur de l'avenir et du risque, et non l'ouverture à la différence.
Plus les populations d'origine étrangère s'intègrent - par le travail, le logement social, l'école publique, etc. -, plus les peurs de déclassement se manifestent dans les couches populaires et moyennes installées plus anciennement. Les extrêmes droites en font une exploitation qui « racialise » les questions sociales et exalte la préférence nationale. Mais la « ghettoïsation » et la répression sont-elles des solutions durables ? En réalité, nous dit Sophie Body-Gendrot, beaucoup de villes ont déjà pris des mesures bien plus intéressantes. Et elle nous fait faire le tour de la planète pour nous décrire concrètement les solutions qui ont été mises en place à New York, Johannesburg, Shanghai, Londres ou Mexico. Elle nous démontre surtout que, contrairement au discours convenu, les villes ne doivent pas nous faire peur. Elles font plus que jamais preuve de leur immense pouvoir d'adaptation et d'intégration. C'est par elles, et elles seules, que vont se reconstituer des communautés modernes, diverses mais unifiées.


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