« L'impunité et l'arbitraire ont été érigés en mode de gouvernance dans un système dictatorial depuis 1962 » a affirmé, jeudi dernier, Me Salah Hanoun, membre du collectif d'avocats bénévoles des victimes des évènements de Kabylie, à la salle de cinéma d'Akbou. La conférence a été organisée dans le cadre de la commémoration le 8e anniversaire de l'assassinat de Nekkali A/Nour, Arezoug Slimane, Sidhoum Karim, Chekkal Rachid, Mesbah Krimo et Iffis Ramdane. L'invité du Comité du printemps noir d'Akbou n'a pas manqué de rappeler que l'Algérie a été condamnée par les organisations non gouvernementales (ONG) pour violation des droits de l'homme après avoir pris acte du dossier qui leur a été adressé. Aux 126 victimes recensées s'ajoutent des centaines de blessés pour qui les douloureux évènements de 2001 se ressentent au quotidien. Amputé de la jambe droite, Ikken Nordine a tenu à intervenir en sa qualité de témoin meurtri dans sa chair. « L'Etat ne nous a pas bien pris en charge », lâchera-t-il d'emblée. « On m'a posé en 2001 à Glasgow (Ecosse) une première prothèse provisoire que je devais changer, ma croissance d'adolescent oblige, 12 mois plus tard. J'ai pris mon mal en patience durant 7 ans avant de la changer. Je n'ai pas cessé de saisir les ministères de l'Intérieur, de la Santé et de la Solidarité nationale dans ce sens avant qu'on finisse par me transférer inutilement, en 2008, à Bordeaux (France) puisque les démarches administratives n'ont pas été faites dans les règles. Il m'aura fallu attendre l'aide de l'Association Amazighe de Suède pour bénéficier d'une autre prothèse que je ne pouvais pas me permettre personnellement car estimée à 5000 euros », relatera le jeune handicapé à vie. Pour Sofiane Adjlane et Saïd Salhi, anciens animateurs du mouvement citoyen local, l'essentiel est de faire en sorte que ces évènements ne soient pas oubliés. Un dépôt de gerbes de fleurs au cimetière des martyrs et au piédestal de la stèle érigée à la mémoire des victimes du Printemps noir, place Ahcene Berri, une projection de films sur ces évènements de Kabylie ainsi qu'une exposition photo ont été aussi au programme les 17 et 18 juin derniers.