Nous avons tous perd (…). Ceux qui ont été touchés dans les incidents ont besoin de compassion. Nous devrions consoler les (personnes) endeuillées et rapprocher leur cœur du régime», a-t-il ajouté, admettant qu'il s'agissait d'une «crise» politique. Rafsandjani, qui n'a jamais caché son soutien à Mir Hussein Moussavi pas plus que son aversion à l'égard d'Ahmadinejad qui l'avait battu en 2005, a tout de même joué le réconciliateur. Il a certes critiqué la méthode «hard» du régime de répression des manifestants en allant jusqu'à asséner que les autorités iraniennes «ont perdu la confiance» du peuple après la présidentielle. Rafsandjani a tout de même esquissé un début de solution. «Que devrions-nous faire dans cette situation ?», interrogeait-il la foule hier avant d'ajouter : «Notre principale mission est de retrouver la confiance que le peuple accordait et qui, dans une certaine mesure, est perdue.» Et pour amorcer la détente, l'ex-président a appelé les autorités à libérer les manifestants arrêtés le 12 juin dernier. «Il n'est pas nécessaire que des gens soient emprisonnés (…). Nous devrions nous tolérer mutuellement», a conseillé Rafsandjani, qui dirige l'Assemblée des experts et le fameux Conseil du discernement, capable même de renverser le guide suprême. C'est donc en haute autorité morale que l'ex-président iranien s'est présenté hier devant les fidèles, mais surtout les fidèles d'Ahmadinejad et ceux de Moussavi. A ces deniers il a apporté un soutien de poids, lui qui ne s'est pas exprimé depuis deux mois. «Un grand nombre de gens sensés du pays ont dit qu'ils avaient des doutes» quant au résultat du scrutin. «Nous devrions œuvrer à répondre à ces doutes», a affirmé Rafsandjani, écorchant au passage le Conseil des gardiens de la Constitution, estimant que l'instance de validation des résultats du scrutin n'avait pas «bien utilisé» le délai accordé pour vérifier les votes. Les oracles du guide Rafsandjani a donc apporté de l'eau au moulin à Moussavi, qui assistait hier au prêche, et a par là même jeté la suspicion sur la victoire d'Ahmadinejad. Les supporters de Moussavi, galvanisés par le sermon du «cheikh», se sont engouffrés dans la brèche en scandant en chœur des slogans d'opposition juste après la prière. Mais cette reprise des couleurs des «verts» de Moussavi n'a duré que le temps de l'arrivée de redoutables bassidji (miliciens islamiques) qui ont vite fait le «nettoyage» et embarqué des dizaines de manifestants, dont l'avocate Shadi Sadr, spécialisée dans la défense des droits de l'homme. Pour sa part, Mehdi Karoubi, l'un des candidat malheureux à la présidentielle, a fait l'objet d'une attaque de la part d'«hommes en civil» alors qu'il se rendait au prêche, selon le site internet de son parti, Etemad Melli. Signe que la main de fer du régime des ayatollahs a encore de «beaux» jours devant elle malgré sa vive condamnation par la communauté internationale après la mort d'au moins 20 personnes. Que pourra donc faire Rafsandjani pour faire entendre raison au régime et rendre justice à ceux qui se sentent spoliés ? L'ancien président a juste déclaré qu'il a évoqué toutes ces questions avec des membres des deux institutions qu'il dirige, l'Assemblée des experts et le Conseil de discernement. De là à trancher que ses remises en cause des méthodes du régime seront suivies d'effets, c'est un pas difficile à franchir dans une république cléricale où les décisions rendues ont valeur d'oracles. |Ahmadinejad place ses hommes| |Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a nommé Esfandiar Rahim Mashaie au poste de premier vice-président de l'Iran, a rapporté hier l'agence de presse Irna. M. Mashaie devient ainsi premier vice-président au sein du dixième gouvernement iranien, remplaçant l'actuel premier vice-président, Parviz Davoudi, devenu conseiller présidentiel, a annoncé M. Ahmadinejad jeudi soir à Mashhad, (nord-est de l'Iran). En outre, le président Ahmadinejad a désigné Ali Akbar Salehi, ancien ambassadeur iranien auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), nouveau responsable en chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OEIA), en remplacement de Gholam Reza Aghazadeh, actuel directeur de l'OEIA et vice-président, dont la démission a été acceptée par le chef de l'Etat. Le président Ahmadinejad, réélu lors de la présidentielle du 12 juin à la tête de la République d'Iran, prêtera serment entre le 2 et le 6 août prochain et introduira un nouveau cabinet au Parlement iranien, rappelle-t-on.|