Aucun institut privé, aucun organisme étatique ne peut donner la prévalence exacte des femmes victimes de violence en Algérie. Dans la plupart des cas, la femme préfère se culpabiliser que de dénoncer son agresseur », a regretté hier Fadéla Chitour, médecin et présidente du réseau Wassila lors d'un séminaire international de deux jours organisé au Centre national de formation des personnels spécialisés (CNFPS), à Alger. Des représentantes de Médecins du monde France (MMF), du réseau Wassila, des associations, des psychologues, ont pris part à cette rencontre organisée en partenariat avec le ministère de la Solidarité. Hier, c'était l'occasion pour ces parties de faire le point sur les échanges réalisés durant les tables rondes qui ont eu lieu lors du séminaire consacré à la violence à l'égard des femmes le 14 juin. Clarisse Brunelle, coordinatrice au niveau de MMF, a rappelé la genèse de leur projet en Algérie. Le MMF est financé par un organisme qui dépend directement du ministère des Affaires étrangères français. « Nous sommes venus en Algérie avant 2006, lors des inondations de Bab El Oued pour former un personnel dans le domaine du psycho-traumatisme, la société civile nous a alors interpellés pour le développement d'un programme portant sur les violences faites aux femmes », a observé Clarisse. « Nous avons alors formé les écoutantes du réseau et celles activant au sein du ministère de la Solidarité et nous avons développé d'autres petits réseaux, notamment à Tizi Ouzou et à Annaba », a révélé la conférencière, qui a dressé un bilan positif du travail effectué jusqu'à l'heure actuelle. Mme Constance Duplessy, bénévole au sein de Médecins du monde, a évoqué le programme international de lutte contre les violences faites aux femmes, installé dans 29 pays africains pour la plupart. L'objectif de ce programme international est de former des gens qui prendront en charge correctement les femmes violentées, de renforcer la prise en charge globale des victimes et de développer et renforcer également les compétences en différenciant les échanges d'expériences. A la question de savoir pourquoi Médecins du monde active uniquement en Afrique. N'y a-t-il pas des femmes victimes de violence en Europe et dans le reste du monde ? L'oratrice confirme que les projets de programmes sont concentrés en Afrique. « C'est une exigence de notre bailleur de fonds », avant d'ajouter : « Loin de nous l'idée de cibler un pays ou un autre et de le taxer de pays où la violence est de mise. Les zones de solidarité ne sont pas nos priorités. Notre programme est transversal ». Lors des débats, plusieurs intervenants sont revenus sur le phénomène de la violence à l'égard des femmes. Un phénomène universel bâti sur la domination d'un sexe sur un autre et qui prend des proportions alarmantes. Mme Chitour s'est réjouie, certes, du travail entrepris avec les différents partenaires, mais estime que beaucoup reste à faire. « Il faut changer les mentalités si l'on veut éradiquer ce fléau. Il y a des femmes qui subissent la violence au quotidien, mais elles refusent de dénoncer leurs agresseurs. Pis, elles trouvent des justificatifs à cet acte, alors que la violence d'où qu'elle vienne ne peut être justifiée. »