Fini le suspense ! Le pouvoir iranien a exclu, hier, l'annulation de la présidentielle comme réclamé par l'opposition et annoncé que le président réélu Mahmoud Ahmadinejad et son gouvernement allaient être investis entre le 26 juillet et le 19 août. De fait, le candidat malheureux qui aura animé la protesta une dizaine jours durant se retrouve hors-jeu. « Lors de la récente élection présidentielle, nous n'avons constaté aucune fraude ou infraction majeure. Par conséquent, il n'y pas de possibilité d'une annulation », a tranché hier le porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution, chargé de superviser les élections en Iran, Abbas Ali Kadkhodaie. Un verdict attendu au vu de la reprise en main musclée de la situation par le régime des ayatollahs et ses bras armés et la charge lancée contre les capitales occidentales accusées « d'ingérence ». Dernière volonté, peut-être, Mir Hossein Moussavi, compte publier « prochainement » un rapport complet sur les fraudes commises lors du scrutin. Sur le terrain, la situation tend à se « normaliser » après que le guide eut sorti sa grosse artillerie pour se réapproprier la rue, devenue l'espace d'une semaine, un terrain de lutte citoyenne qui aura suscité la sympathie du monde entier. Il fallait bien une fin, mais elle a été plutôt amère pour les candidats de l'opposition et pour ces centaines de milliers d'Iraniens ayant cru naïvement à l'imminence d'un printemps démocratique dans un pays aussi verrouillé. Contre mauvaise fortune… Ultime avertissement à Moussavi, le ministère de l'Intérieur l'a exhorté à « respecter la loi et le vote du peuple et à se comporter en conformité avec la loi ». Loi de la force où force de la loi, le candidat réformateur est mis en demeure de se taire et de faire taire ses supporters. Pour la propagande médiatique, le régime s'est déjà chargé d'expulser les reporters étrangers qu'il accuse de fomenter les troubles et dénoncé les capitales occidentales coupables « d'ingérence ». Même le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a eu droit à la diatribe de Téhéran qui l'a accusé d'avoir « porté atteinte à sa crédibilité aux yeux des pays indépendants en suivant de manière ignorante certaines puissances dominantes qui ont un passé déplacé d'ingérence », selon les propres mots du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi. Mais il est certain qu'une fois que les rues de Téhéran auront été « nettoyées » de leurs manifestants, le dossier des élections en Iran sera classé sans suite et les pays européens et même les Etats-Unis reprendront leur rhétorique diplomatique à l'égard d'un pays qui détient de grands jokers dans la géopolitique de la région. Le président américain Barack Obama a certes fermement condamné hier « la répression violente » par le régime de Téhéran des manifestations et rejeté les accusations « d'ingérence ». Mais il a aussi précisé que « (…) les Etats-Unis respectaient la souveraineté de la République islamique d'Iran ».